Qui se rappelle de l’extraordinaire série Propos et Confidences jadis présentée à Radio-Canada? Pendant quelques semaines, seule face à la caméra, une personnalité venait raconter sa propre histoire. En 1976, le comédien Paul Dupuis s’était ainsi laissé aller en livrant des pans pas très jojos de son existence. En guise de conclusion, on avait notamment appris que son père naturel était… un ecclésiastique.
Tout juste avant la diffusion du dernier volet de son autobiographie télévisuelle, on avait retrouvé Dupuis sans vie dans un hôtel de Saint-Sauveur. Vraisemblablement un suicide. Sa propre famille avait alors vivement réagi en disant que le comédien avait divagué tant il était devenu amer en vieillissant. Qui donc disait vrai? Le défunt ou ceux qui restaient? Dans un autre ordre d’idées, c’est ce soir que l’on présente la conclusion de René, le dernier tsunami à avoir frappé les côtes radio-canadiennes cette saison. Depuis le début de la série, on a régulièrement dénoncé certaines libertés prises par le réalisateur et les scénaristes. Ça allait du «Dans la scène où il frappait un robineux, son char n’était pas de la bonne couleur» jusqu’au «Corinne ne lui tenait jamais la main en public». Bof. Mais puisque les coups les plus durs venaient de la part d’ex-collaborateurs de Lévesque, il aura quand même fallu faire semblant d’y accorder un certain intérêt.
La même chose était arrivée lors de la première diffusion de Duplessis, une série que l’on estime pourtant être un modèle dans le genre. La famille de Mgr Cabana de Sherbrooke, entre autres, n’avait vraiment pas apprécié la scène où l’on dépeignait le prélat comme étant un achalant que Duplessis fuyait comme la peste en le laissant poireauter des journées entières dans l’antichambre de son bureau. On imagine que le Mgr avait été un grand objet de fierté pour sa famille voyez-vous… La vérité blesse parfois.
Revivre une aventure tamisée par l’Histoire procurera toujours son lot de frustrations à ceux qui étaient là quand tout est arrivé. Souvent, des événements laissent des souvenirs complètement différents à ceux qui étaient pourtant là ensemble, au même moment, au même endroit. C’est ce qui fait à la fois le charme et la faiblesse de l’histoire : elle laisse place à l’interprétation… de ceux qui restent.