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Combien font Dix30 + Quinze40?

Aussi bien vous le dire d’emblée: je ne suis pas un grand fan du Quartier Dix30 de Brossard. Certes, on y retrouve plein de magasins en tous genres, des restos, et les espaces de stationnement y sont outrancièrement accommodants. Comme sur une planche de Monopoly, tout autour, on a érigé un parc de «monster houses». À la différence que celui-ci fait peur même quand on a les yeux fermés. Dans le pire rêve du plus modéré des socialistes, un concept du genre représente le plus triste aboutissement de la société de surconsommation.

Voilà que les proprios de l’auguste Quartier projettent de lui construire un «petit» cousin dans la Ville de Mont-Royal. Dans un accès d’originalité et vu son emplacement, on le surnomme déjà le Quinze40. Une méga-bébelle de 280 000 m², grande comme le parc Lafontaine ça a l’air. Le coût: à peu près 2 G$. Avec, on vous le donne en mille, d’autres magasins en tous genres, des restos, du parking et patati et patata… Sans parler de la création de nouveaux emplois, de l’achalandage profitable au secteur et tout le chapelet d’arguments qui viendront dorer la pilule qu’on va nous faire gober de force tout prochainement. Le maire de la place jubile : un développement pareil aspergerait sa ville d’une centaine de millions de dollars en taxes supplémentaires chaque année, ce qui, en cette période d’austérité, représente ni plus ni moins un cadeau du ciel. Ce projet aboutira-t-il? Sûrement, le politique et «l’administratif» ont trop à gagner pour laisser passer une telle occasion. Cependant, les dommages directs et/ou collatéraux seront nombreux et irréversibles.

On connaît déjà la situation précaire des petits commerçants qui vivotent déjà sur l’île de Montréal. Une pichenotte de plus et le château de cartes va s’effondrer. Suffit d’aller les visiter, sur le Plateau (suffit d’y accéder…), dans Villeray ou Rosemont – leurs tablettes sont garnies avec le strict minimum, et leurs allées vides, moppées à grande eau de déprime. Le portrait est laid et peu prometteur. Et, de grâce, qu’on nous sapre la paix avec les nouveaux emplois qui seront offerts au futur béluga-bazar du nord; ce que l’on va «créer» d’un côté, c’est qu’on l’aura sacrifié de l’autre.

Au moment où Montréal a besoin d’oxygène pour se refaire une santé socio-économique, voilà qu’on débarque dans la piscine avec un Titanic. Ici, c’est pas mêlant, on a l’impression que les autorités ne disposent que d’un seul mécanisme pour relancer la ville et c’est de permettre la construction de condos ou de mégasurfaces afin de grossir la cagnotte des impôts fonciers. Le reste, genre la santé des boutiquiers et le mieux-vivre des citoyens, leur semble bien secondaire.

Revenez en ville, qu’ils disaient. Mais pour faire quoi? Pour être pris pour aller dans un centre d’achat digne de la banlieue? Non merci.

Question: Combien font Dix30 + Quinze40?

Réponse: Moins 1.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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