Les femmes sont frappées de plein fouet par les politiques d’austérité du gouvernement québécois, selon un nouveau rapport de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), publié lundi.
D’une part, les mesures de relance, qui sont axées principalement sur des projets de construction d’infrastructures, avantagent plus les hommes que les femmes, selon le rapport. D’autre part, les coupes dans les services publics affectent particulièrement les femmes, avancent les chercheurs Ève-Lyne Couturier et Simon Tremblay-Pepin.
Selon les chercheurs, qui ont examiné chacune des 192 mesures budgétaires de tous les gouvernements québécois depuis novembre 2008, l’écart entre les hommes et les femmes se situe désormais à 6,7G$.
«Il y a une drôle de conception au gouvernement. On dirait qu’un d’un côté, quand on parle d’investissements, on pense toujours aux infrastructures, à la construction de routes et de gros bâtiments comme le nouveau CHUM, etc. Et quand on parle de dépenses, là on parle de services en santé et en éducation, lance M. Tremblay-Pepin. On s’entend que quand vient le temps de construire des routes ou d’aller couper du bois, on fait plus souvent appel à des jobs de gars. [Mais quand on coupe en santé ou en éducation], ce sont des emplois majoritairement féminins [qui sont affectés], et des services aussi majoritairement sollicités par des femmes.»
«Vous comprenez bien que ça crée de l’emploi aussi, investir dans les Centres de la petite enfance (CPE).» – Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude publiée lundi
Le gouvernement pourrait compenser les investissements dans des milieux traditionnellement masculins en misant sur des programmes pour aider les femmes à intégrer ces secteurs de l’économie, croit M. Tremblay-Pepin. «À l’inverse, le gouvernement coupe dans ces programmes-là», déplore-t-il.
Il n’y a rien là pour surprendre la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, de Québec solidaire (QS). Selon elle, il serait assez simple d’éliminer l’effet de la relance économique sur l’écart entre les femmes et les hommes. «C’est pas compliqué: combien de postes viennent-ils de couper dans la fonction publique? Juste [rétablir ces postes-là] serait un bon début», lance-t-elle.
Pour Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et porte-parole du collectif 8 mars, le gouvernement ne peut plus prétendre que les mesures budgétaires ont un effet «neutre». «On a une étude qui démontre à quel point le problème est systémique, affirme-t-elle.
Mme Conradi rajoute que la perte d’emplois dans le secteur publique, où les conditions de travail sont meilleures pour les femmes que dans le secteur privé, force les femmes à accepter un emploi en deçà de leurs qualifications ou à intégrer le secteur privé.
«L’effet cumulatif est de retirer les femmes du marché du travail, d’autant plus avec la modulation des frais de garde», juge-t-elle.