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Aussi bien rêver à coup sûr…

Un autre beau week-end de balle vient de s’achever. Avec deux autres matches à guichets quasi fermés, des parties hors-concours de surcroît, on a une fois de plus su manifester notre grand amour pour le baseball malgré notre territoire de glace. Les organisateurs ont encore fait ça comme des grands, et nul doute qu’on répétera l’expérience l’an prochain, l’année d’après et l’autre année d’ensuite. Prédiction sans risque : chaque fois, on se gargarisera du potentiel «indéniable» de Montréal pour accueillir une autre équipe des ligues majeures et chacun reprendra alors le rôle qu’il défend avec tant de brio. On sait que… :

– Le maire poussera encore plus loin sa formidable opération de séduction auprès des bonzes du baseball. Sans blague, Denis Coderre est en voie de réécrire le guide du cheerleading à lui tout seul.

– Un délégué de la grosse ligue – mais pas le grand patron – avouera candidement qu’il est renversé par l’accueil chaleureux des Montréalais, mais qu’il est impensable qu’une autre équipe puisse s’établir un jour ici sans que l’on construise un nouveau stade.

– Le président de la RIO martèlera – il n’a pas le choix, ça fait partie de sa job – que c’est nulle part ailleurs qu’au Stade olympique qu’une éventuelle équipe professionnelle doit prendre racine. Même s’il sait probablement fort bien que le Gros O, même en accomplissant des miracles, demeurera jusqu’à la fin des temps un endroit médiocre pour présenter du baseball. Et pas mal tous les autres sports finalement…

– Des joueurs d’hier viendront raconter que c’est ici qu’ils ont passé les plus belles années de leur carrière. Même si la presque totalité d’entre eux l’ont terminée ailleurs…

– Les fans vont jurer sur la tête de toutes les épingles de la shop de couture qu’ils seraient prêts à appuyer sans modération une nouvelle concession malgré la longue saison de 81 matches locaux, malgré toutes les autres activités gratuites offertes à Montréal en été, malgré la visite des insignifiants Diamondbacks de l’Arizona, malgré la possibilité que notre équipe soit so-so, malgré…

Sauf que, bien au-dessus des plans d’affaires les plus secrets, des études de marché qui allument les rêves les plus fous et des vœux les plus pieux, il n’y a pas encore un investisseur sérieux et fortuné qui a levé la main pour signifier son intention d’aller de l’avant avec le retour du baseball majeur à Montréal. Quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise. Pas un.

Comme ils le disent dans la pub : si ça existait, on l’aurait. Or, on ne l’a pas, ça fait que… L’an prochain, même heure, même poste, on se retrouvera une fois de plus pour recevoir notre injection annuelle de baseball. Vaut mieux rêver que rien du tout…

•••

Extrait d’une discussion entre un fils et son père…

– «Dis papa, s’il y a d’autres parties de baseball professionnel à Montréal l’an prochain, est-ce qu’on va encore être obligés de se taper le monsieur Rodger machin qui crie tout le temps «Bonsoir, elle est partie!» et qui rit toujours tout seul de ses jokes?

– Je le crains mon fils, je le crains…»

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