C’était le 4 juillet 1989. Je m’en souviens comme si c’était hier. Sur l’avenue McGill College, il y avait plusieurs dizaines de milliers de personnes qui assistaient au concert gratuit de Pat Metheny au Festival de jazz. Tout ce beau monde rassemblé, sans aucun incident, aucune violence ni aucune panique. Afin de protéger les platebandes fleuries, on avait installé de simples rubans jaunes. À la fin de la soirée, croyez-le ou non, personne n’avait mis le pied à l’intérieur des rubans. On est comme ça.
C’est exactement là, à côté des platebandes, que j’avais rencontré deux gars de Détroit en fin de soirée. Une première visite à Montréal pour les boys, qui n’avaient aucune idée de ce qu’était le Festival de jazz et ses concerts gratuits en plein air au centre-ville. Vous dire la surprise qu’ils ont eue ce soir-là… «Hey, vous êtes chanceux, vous autres à Montréal. Autant de monde assis par terre, sur la rue, juste pour écouter de la musique. Pas de meurtres, pas de couteaux, pas de vol, rien! Juste du fun. So coooool… Nous autres, on pourrait jamais faire ça. De toute façon, les gens ne viendraient pas, parce qu’ils auraient bien trop peur…».
Je sais bien que Montréal ne sera jamais Détroit (enfin, on le souhaite…) et que notre «bon fond» finira toujours par prendre le dessus sur les têtes brûlées aux sombres intentions. Ça fait 30 ans qu’on en donne la preuve. Sauf que cette année, il faudra faire avec une nouvelle donnée : le doute. Non, on n’annulera pas les Francos, ni le jazz, ni Juste pour rire. Sauf que ce doute suffit amplement pour poquer un tableau dont nous pouvions collectivement être fiers. Un doute qui sera sûrement assez fort pour retenir à la maison des habitués de Balconville en été. Je pense aux familles aux revenus limités, aux aînés qui n’ont pas nécessairement les moyens de s’acheter des billets pour les spectacles en salle. Tous ces gens qui comptent sur ce party estival pour s’aérer un peu l’esprit.
Le beau temps appartient à tout le monde. En principe.
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C’était vendredi dernier, au resto. La serveuse et un client discutent des «exploits» du démembreur qui a été mis aux arrêts hier. Et de ses écarts précédents avec les chats. Ils parlent fort, mais alors là, mauditement fort. «Dans le vidéo là, le gars, y prend une scie, pis ensuite…» Plus capable d’avaler la moindre bouchée, je leur demande s’il leur serait possible de changer de sujet. «S’il vous plaît», je prends soin d’ajouter. Et la tarte de me répondre : «Ben quoi, y est où l’problème?» J’aurais peut-être dû me lever et partir sans payer mon lunch. Sauf que là, on m’aurait jugé coupable d’inconduite…
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Dans un docu qui sera présenté demain à Canal Vie, la ministre de la Culture et de la Condition féminine libérale, Christine St-Pierre, avoue être dérangée par l’absence de maquillage sur un visage féminin. Vous avez bien lu, ça vient de la ministre de la CONDITION FÉMININE! Je vous le dis, moi, y a des membres de ce gouvernement-là qui doivent avaler une bien drôle de potion pour être aussi… bah, on va arrêter ça là.
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Parlant d’incongruité, dimanche soir, pendant le Téléthon Enfant-Soleil, le ministre de la Santé du Québec Yves Bolduc est venu souligner l’octroi de certaines sommes pour la cause des enfants malades. Rien contre les téléthons, bien au contraire, mais n’est-ce pas la job d’un gouvernement de veiller au bien-être des enfants malades sans venir se péter les bretelles à la télé pendant un événement du genre?
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.