Les intervenants du réseau de la santé ne sont pas suffisamment formés pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants, conclut une enquête menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiée jeudi dernier.
Des organismes d’aide aux immigrants et des professionnels de soins de Montréal et de Québec ont été interrogés au printemps 2014, soit plusieurs mois avant l’annonce de l’arrivée massive de réfugiés syriens au Québec. Autant les uns que les autres ont fait état d’une méconnaissance des réalités des personnes issues des communautés ethnoculturelles, «ce qui pourrait nuire à [leur] expérience de soins». Les intervenants travaillant dans des cliniques de santé des réfugiés ont même fait état d’un «sentiment d’impuissance à répondre à tous les besoins des usagers», les réfugiés récents étant décrits comme ayant plus de problèmes de santé que ceux arrivés «il y a plus longtemps».
Parmi les problèmes rapportés par les répondants, travaillant principalement à Montréal et à Québec, l’INSPQ note la présence de comportements marqués par les préjugés, le manque de transmission d’informations de base sur le fonctionnement du système et un déficit d’utilisation de la banque d’interprètes.
«Face à une famille de réfugiés syriens qui ne parlent ni français ni anglais, ce ne sont pas tous les CLSC, cabinets de médecins et hôpitaux qui sont en mesure de savoir quoi faire, de trouver un interprète, de comprendre le parcours migratoire et l’impact sur leur santé de leur séjour dans les camps», a souligné à Métro Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Les chercheurs de l’INSPQ proposent d’améliorer la situation en offrant davantage de formations interculturelles adaptées aux attentes des usagers et des intervenants. Comment aborder les personnes qui vivent des chocs post-traumatiques en raison de la guerre? Comment travailler avec un interprète? Quelles sont les caractéristiques des principaux groupes culturels très présents dans un quartier? Les réponses à ces questions seraient utiles à bien des médecins et infirmières, selon Sophie Pouliot, agente de recherche à l’INSPQ et co-auteure du rapport.
«Il faut former une masse critique de gens pour que les comportements changent.» – Sophie Pouliot, agente de recherche à l’INSPQ
Mme Pouliot croit que tout le personnel du réseau devrait aussi recevoir de la formation interculturelle, ce qui n’est pas le cas actuellement. «Le lien avec les services commencent dès que les gens franchissent la porte d’un établissement», a soutenu Mme Pouliot.
Mme Pouliot et M. Reichhold déplorent également que les formations offertes actuellement ne soient pas intégrées dans un plan stratégique du réseau de la santé visant l’amélioration des services.
Le Ministère de la Santé et des Services sociaux, qui a commandé l’étude, n’a pas été en mesure de répondre aux questions de Métro lundi.