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Marijuana: Québec corrige le tir après les propos de Leitao

Patrice Bergeron - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard corrige le tir sur la vente et la distribution de la marijuana.

Jeudi, le ministre des Finances, Carlos Leitao, avait fait savoir que le Québec n’avait pas l’intention de prendre en charge la commercialisation de cette drogue une fois légalisée, même si Ottawa s’attend à un partenariat avec les provinces. Quant à savoir sur quel réseau de distribution pourrait alors compter le fédéral, M. Leitao avait tout simplement répondu: “Qu’il s’arrange.”

Mais en fin de journée, M. Leitao a senti le besoin de nuancer ses propos. Sur sa page Facebook, le ministre a fait marche arrière en laissant entendre qu’il s’était mouillé trop vite: “Le choix des modalités de distribution au Québec est donc un débat très prématuré”.

Il a expliqué qu’il faudra d’abord franchir plusieurs étapes avant d’en arriver là et qu’il faut faire les choses dans l’ordre. Mais M. Leitao a cette fois pris le soin d’ouvrir la porte à un dialogue avec Ottawa.

“Dans un premier temps, le gouvernement fédéral devra légiférer afin de légaliser la marijuana et en clarifier son encadrement, a-t-il écrit. C’est un dossier complexe et un processus qui pourrait prendre un certain temps. Nous verrons, une fois ces étapes franchies, comment le Québec choisira d’encadrer le commerce et la distribution. Le comment: nous aurons certainement le temps d’avoir des échanges avec le fédéral et les provinces à ce sujet.”

Il a terminé en précisant que “les choix se feront par le gouvernement du Québec”.

Le ministre des Finances a décliné la demande d’entrevue de La Presse Canadienne vendredi. Sa porte-parole, Audrey Cloutier, a indiqué qu’il avait apporté des précisions, mais qu’il n’allait faire aucun autre commentaire.

Rappelons que le premier ministre fédéral Justin Trudeau a fait de la légalisation de la marijuana un de ses engagements électoraux l’automne dernier. C’est un engagement qui a particulièrement marqué les esprits, puisqu’il mettrait fin à des décennies de répression.

M. Trudeau avait suggéré un partenariat du fédéral avec les provinces, qui auraient notamment à réglementer la distribution, une fois que la drogue sera légalisée. Le syndicat des employés de la Société des alcools du Québec (SAQ) voyait même d’un bon oeil la possibilité de lancer la société d’État dans ce marché potentiel.

Et jeudi, Justin Trudeau avait esquivé les réticences du Québec en jouant la politique de la main tendue face aux provinces et aux municipalités. “Il y a un certain nombre de choses que le gouvernement peut et doit faire, mais pour la distribution et la vente, on s’attend à travailler avec les provinces et les municipalités, pour s’ajuster de façon à s’aligner avec leurs priorités.”

Le Parti libéral du Canada (PLC) propose de retirer la consommation et la possession de marijuana du Code criminel. La prohibition de la marijuana ne fonctionne pas, peut-on lire dans le programme du PLC, car les jeunes arrivent tout de même à en consommer et un trop grand nombre de Canadiens se retrouvent avec un casier judiciaire pour la possession de petites quantités, et pendant ce temps, le trafic de drogue profite au crime organisé et favorise des activités qui posent de graves menaces à la sécurité publique.

Cependant, le gouvernement Trudeau veut aussi faire adopter des lois plus strictes, pour punir sévèrement quiconque fournit de la marijuana à un mineur, conduit un véhicule après en avoir consommé ou en fait la vente hors du nouveau cadre législatif.

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