QUÉBEC – La cimenterie de Port-Daniel-Gascons, en Gaspésie, déjà financée avec un demi-milliard de dollars de fonds publics, pourrait encore recevoir plus d’argent du gouvernement Couillard.
Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a laissé entendre mercredi que le coûteux projet pourrait recevoir de l’argent du Fonds vert.
Ce chantier controversé, qui donnera naissance au plus important émetteur de gaz à effet de serre (GES) du Québec, Ciment McInnis, serait admissible au financement du Fonds vert s’il investit dans une technologie plus verte. Ce projet de 1 milliard $ est déjà financé à hauteur de 450 millions $ par l’État.
Actuellement, il est prévu que le coke de pétrole et le charbon seront les principaux combustibles de la cimenterie. Plus tard, après une période de rodage, l’entreprise envisage d’avoir recours à de la biomasse provenant de résidus de coupe de bois.
«Notre volonté, c’est que le projet de Ciment McInnis soit un projet plus vert, avec moins d’utilisation de pétrole et de charbon», a fait savoir le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, dans un point de presse, à la fin de la séance du caucus libéral mercredi matin.
«Il y a la possibilité d’avoir éventuellement du gaz naturel, de la biomasse, et dans un monde futur, il y a des possibilités de captation de carbone.»
Toutefois, à court terme, la solution la plus pratique serait le recours au gaz naturel, a indiqué M. Arcand, tout en faisant référence à l’investissement de 3,8 millions $ du Québec dans le projet Bourque, un gisement de l’entreprise Pétrolia situé en Gaspésie.
Le ministre a laissé entendre que le gouvernement allait faire pression sur Ciment McInnis pour diminuer son empreinte carbone, conformément aux cibles de réduction de GES du Québec et aux engagements pris par le Canada à la dernière Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Paris.
«On va faire tout ce qui est nécessaire pour que la cimenterie de Port-Daniel émette évidemment le moins de gaz à effet de serre possible», a-t-il déclaré.
Ce faisant, il n’écarte donc pas la possibilité d’injecter d’autres fonds publics dans l’aventure, par le biais du Fonds vert. «Pour ce qui est de l’efficacité énergétique, le Fonds vert peut certainement servir», a affirmé M. Arcand.
Rappelons que le Fonds vert a été mis sur pied par le gouvernement avec les revenus tirés de la Bourse du carbone. Il sert à financer des projets de réduction de GES et plus généralement «des mesures de développement durable, notamment en matière d’enjeux stratégiques liés à la lutte contre les changements climatiques, à la gestion des matières résiduelles et à la gestion de l’eau», peut-on lire sur le site du Fonds vert.
Ce n’est pas la première fois que Ciment McInnis se retrouve sur la sellette. Le projet avait été annoncé en grande pompe par le gouvernement Marois en 2014 et peu après leur arrivée au pouvoir, les libéraux l’avaient remis en cause pour ensuite le confirmer.
La moitié du financement du projet provient de fonds publics, soit d’Investissement Québec et de la Caisse de dépôt et placement.