Une possible grève générale se dessine dans le réseau de résidences privées pour aînés, alors que le syndicat qui représente les travailleurs réclame un salaire minimum de 15$ l’heure pour ses membres.
À l’heure actuelle, le salaire moyen pour les préposés aux bénéficiaires dans le réseau privé atteint à peine 12,50$ l’heure, selon le président du Syndicat québécois des employées et employés de services (SQEES), Richard Belhumeur. Certains établissements offrent le salaire minimum à l’embauche, rajoute-t-il.
«C’est inacceptable et indécent, a-t-il affirmé à Métro. On parle de gens qui lavent, nourrissent, habillent nos parents et grands-parents à chaque jour avec compétence, compassion et amour, et leur niveau de reconnaissance au niveau salarial est très limité.»
«On ne comprend pas comment un propriétaire ose dire qu’il est préoccupé par la qualité des services qu’il donne aux personnes âgées quand, en même, temps, il offre des salaires de misère aux gens qui prodiguent ces services», a-t-il rajouté.
Les membres du SQEES sont en majeure partie des préposés aux bénéficiaires, mais le syndicat représente aussi des infirmières et des travailleurs en services alimentaires et en entretien ménager. La plupart des membres sont des femmes, indique M. Belhumeur.
Quelque 70 établissements négocient en ce moment des conventions collectives pour leurs employés. Selon M. Belhumeur, les offres patronales reçues jusqu’ici sont «méprisantes et insultantes».
À titre d’exemple, les employés d’une résidence pour aînés dans Westmount ont reçu une offre d’augmentation de 0,5% par année pour les 5 prochaines années. Après 3 ans de service à cet établissement, un préposé aux bénéficiaires gagnerait 13,46$ l’heure.
Un autre établissement, qui offre un salaire d’embauche équivalent au salaire minimum, soit 10,75$, propose un gel salarial pour les trois prochaines années. «La seule garantie pour ces travailleuses-là d’améliorer leur situation serait une augmentation du salaire minimum. C’est inconcevable, c’est épouvantable», juge M. Belhumeur.
Devant de telles offres, plusieurs établissements se sont dotés de mandats de grève. M. Belhumeur avance que les assemblées générales votent «à très, très forte majorité» pour obtenir ces mandats. Dans le cas d’une grève, les services aux patients seront maintenus à 90%, assure-t-il.
M. Belhumeur s’insurge que ses membres doivent accomplir certaines tâches, dont l’administration d’injections d’insuline, que leurs homologues dans le secteur public n’ont pas le droit d’accomplir. Pourtant, les salaires dans le réseau public atteignent plus de 20$ l’heure, selon lui.
Les membres du SQEES ont d’ailleurs profité de la journée portes ouvertes organisée par le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) pour distribuer des tracts aux visiteurs. «Les gens doivent connaître les conditions de travail des gens qui prennent soin de leurs aînés», juge M. Belhumeur.
