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Plagiat vs médiocrité

Le plagiat du discours de Michelle Obama par Melania Trump a accaparé l’attention médiatique cette semaine. Sur Facebook, les remarques au sujet de cet impair ont généré 52 millions de réactions dans les heures qui ont suivi la bévue. L’affaire n’a peut-être pas autant fait jaser que la querelle opposant Taylor Swift et Kim Kardashian, mais certainement plus que la mort d’une soixantaine de civils tués par l’armée américaine en Syrie. Il faut dire que le plagiat de Melania Trump était aussi flagrant que celui d’un cégépien qui aurait oublié de revoir la mise en forme des parties trop bien écrites.

L’expertise de spécialistes du discours, de statisticiens et de professeurs d’université a été mise à contribution pour calculer les probabilités que le discours de Mme Trump ait été calqué sur celui de Mme Obama, et la conclusion a été qu’il l’avait fort probablement été. On aurait aussi pu conclure sans trop se tromper qu’aucun des deux discours n’était vraiment original. «Il faut travailler fort pour obtenir ce qu’on veut dans la vie. Il faut honorer sa parole et tenir ses promesses. Il faut traiter les gens avec respect.»

En tout respect pour Mme Obama, il s’agit là de grandes vérités de La Palice. Entre ça et dire «mon mari est gentil», on n’aura rien révolutionné. Bien qu’il ait été l’un des discours politiques ayant le plus retenu l’attention dans les dernières années, rien de ce qu’a dit Mme Trump mardi soir n’est vraiment remarquable. Rien dans ce discours ne changera le monde. Et il est probablement attendu du discours d’une future première dame qu’il en soit ainsi. Toute cette attention médiatique aura donc porté sur des banalités.

L’auteure négligente du discours aura finalement présenté ses excuses et Donald Trump, dans sa magnanimité, aura décidé de la garder. On pense bien : il s’agit peut-être du meilleur coup de sa campagne, car, pour paraphraser l’homme à la chevelure d’écureuil albinos : «Toute presse est de la bonne presse.» Cette visibilité aura aussi détourné l’attention de la médiocrité du Donald.

Parce que, pendant qu’on s’énerve sur la bourde de son épouse, on oublie que, dans ses discours, Donald ne plagie pas : il ment. Il ment de façon éhontée, inventant des statistiques improbables, racontant des histoires à dormir debout au sujet des musulmans, exagérant ses succès commerciaux. Donald ne plagie pas, il attise la haine envers les femmes, les minorités sexuelles, les immigrants, les Mexicains, les musulmans et les personnes handicapées. Donald ne plagie pas, il fait des promesses qu’on pourrait confondre avec un article du Journal de Mourréal ou de son principal concurrent. Donald ne plagie pas et n’a aucune autre compétence politique que celle de donner l’impression qu’il est possible de prendre une bière avec lui en rêvant d’une Amérique d’antan, blanche et patriarcale.

Mais c’est beaucoup plus important divertissant de parler de la trentaine de mots que l’auteure du discours de Melania Trump a empruntés aux auteurs du discours de Michelle Obama.

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