La semaine dernière, j’ai passé quatre soirs littéralement vissé devant ma télé. «Vissé», comme dans tétanisé, paralysé, consterné… Aujourd’hui, après quelques jours à essayer de comprendre ce qui s’est passé à la convention républicaine de Cleveland, je me demande si je n’ai pas regardé une délirante œuvre de fiction ou bien une chronique historique sur des temps qu’on croyait heureusement à jamais révolus.
Pour le moment, ce que je retiens de ce pénible exercice, c’est un sentiment de peur. Parce que des moments épeurants, il y en a eu. Jamais je n’oublierai ce parquet qui scandait «guilty» et «lock her up» alors que Chris Christie faisait le procès d’Hillary Clinton. J’ose à peine imaginer ce qu’on aurait crié si on avait fait entrer une potence sur scène à ce moment-là… Je n’oublierai pas non plus la mise au ban des dissidents. De ceux et celles qui osaient exprimer le moindre désaccord envers une quelconque motion. Tout cela s’est passé là, sous l’œil des caméras. Nous aussi, on a tout vu. Comment pourrions-nous maintenant rayer cela de nos mémoires?
Cette convention tenait du mauvais show de lutte monté par la WWE (merci à Marc-André Lussier pour l’analogie). Avec sa succession de discours grotesques, sa mise en scène pompeuse, ses chiffres gonflés crachés à tout moment par des canons à confettis chargés à bloc. Dans le rôle du gérant des méchants, Donald Trump fut parfait. Le menton mussolinien pointé droit devant, ses affirmations épaisses, sa mauvaise foi incarnée… Je reprendrai ici le qualificatif que j’ai utilisé l’autre jour : l’homme est un sinistre bouffon.
Avec la seule différence que, là, il a atteint le statut de bouffon dûment accrédité. Et que le pouvoir est plus que jamais à sa portée. Au terme d’une semaine de carnaval, tout le monde aurait pu lui prédire une solide débarque dans les intentions de vote. Eh non, les républicains font toujours aussi bien – sinon mieux – dans les plus récents sondages.
Depuis son entrée dans la course, on se rassure en se disant que Trump ne franchira vraisemblablement pas la prochaine étape. Là, regardez où il en est… À quoi vont ressembler mes nouveaux voisins après leur choix aux prochaines présidentielles? Oui, j’ai la chienne. Et il n’y a plus rien pour me rassurer…
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Après quelques jours où on a pu entendre de savants exposés sur la mise en péril de la liberté d’expression dans notre société, j’ai maintenant hâte qu’on s’attarde au moins une couple de minutes au droit légitime de ceux et celles qui en ont plein le cul d’être le punch de la farce et qui pourraient avoir envie que ça arrête à un moment donné.
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On vous souhaite un bon festival Osheaga en fin de semaine. Plein de spectacles à voir, plein de monde à rencontrer. Lâchez-vous lousse et, surtout, lâchez-vous le selfie. Le spectacle est là, devant vous, pas derrière…