Politique

Manifestations: les antivaccins écartés des écoles et des hôpitaux

La vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault.

Geneviève Guilbault

Les manifestants contre les mesures sanitaires ne pourront s’approcher à moins de 50 mètres des écoles, des services de garde, des établissements de santé comme les hôpitaux, des centres de vaccination et des cliniques de dépistage. C’est ce qui est inclus dans le projet de loi déposé par la vice-première ministre Geneviève Guilbault jeudi.

Les individus récalcitrants s’exposeront à des amendes de 1000 à 6000$. Cette loi serait valide jusqu’à la levée de l’urgence sanitaire. Le premier ministre François Legault a toutefois laissé entrevoir qu’elle pourrait être limitée à 30 jours, comme l’a exigé la députée du Parti conservateur du Québec (PCQ) Claire Samson.

«Ce qui est important, c’est qu’on adopte ça aujourd’hui», a commenté M. Legault avant son entrée au Salon bleu.

Mardi, une vingtaine de militants anti-vaccins ont manifesté aux abords de l’école Henri-Bourassa de Montréal sur l’heure du midi. Plusieurs manifestations se sont également déroulées autour des établissements de santé de la métropole, notamment aux abords du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

L’école secondaire Louis-Joseph Papineau, à Saint-Michel, a aussi été le théâtre d’une manifestation au début du mois.

Le projet de loi cible spécialement les manifestations en lien avec les mesures sanitaires, «la vaccination contre la COVID-19 ou toute autre recommandation relative à la pandémie de la COVID-19 émise par les autorités de santé publique».

Embûche en vue?

Le projet de loi déposé n’est pas «spécial», mais bien «régulier» contrairement à ce qu’avait laissé présager le premier ministre mercredi. Pour qu’il soit adopté rapidement, tous les députés devront y adhérer.

Le Parti libéral du Québec (PLQ), Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) ont déjà offert leur appui. Rien n’est moins clair du côté du PCQ. La députée Claire Samson déplore qu’on ne lui accorde qu’une minute 27 secondes en assemblée pour faire valoir son point de vue sur le sujet.

«C’est une méthode un peu bulldozer. C’est un projet de loi qui a pour but de limiter la liberté d’expression de certains citoyens. […] On a besoin de temps», fait-elle valoir.

«On est en train de faire quelque chose qui va possiblement à l’encontre de notre propre charte, a ajouté le chef Éric Duhaime. Il va falloir que le gouvernement nous explique pourquoi avoir une affiche en faveur de François Legault, c’est acceptable puis dire « Dehors, Legault », ça ne l’est pas, là. Il y a des questions de droit fondamental, de droits et libertés.»

Advenant un refus de Claire Samson, l’adoption du projet de loi devrait attendre à la semaine prochaine, puisqu’une période d’étude serait ajoutée. Une autre possibilité s’offre au gouvernement: l’adoption par bâillon, qui accélèrerait le processus.

Commun accord

Mercredi, les trois partis d’opposition ont demandé au gouvernement d’agir afin de mettre un terme à ces manifestations. «C’est franchement inacceptable», s’est plainte la chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade.

«On est capable [d’adopter une loi] à l’intérieur de 24 heures. On veut agir tout de suite, pas dans une semaine, pas dans deux semaines, tout de suite», estime-t-elle.

J’ai un seul message pour les antivaccins: foutez la paix à nos enfants. Laissez-les tranquilles

Dominique Anglade, chef du Parti libéral du Québec

En 2016, le gouvernement du Québec avait fait interdire les manifestations devant les cliniques d’avortement. Il est maintenant impossible de manifester à moins de 50 mètres d’une clinique et les contrevenants sont passibles d’une amende. «Je pense qu’on est dans une situation similaire, a exposé le député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois. Il s’agit de protéger l’accès à des soins de santé, il s’agit de protéger la santé, la sécurité des enfants. Il faut faire quelque chose.»

Le Parti québécois a assuré qu’il collaborerait à l’adoption d’un projet de loi. «On ne peut pas mettre en danger nos enfants, là, donc clairement ça prend un périmètre de sécurité puis un encadrement, considère le chef Paul St-Pierre-Plamondon. On n’acceptera pas, comme société, que de manifestants s’en prennent à des enfants, intimident des enfants.»

Articles récents du même sujet

Exit mobile version