Politique

Camionneurs à Québec: la classe politique veut éviter un autre Ottawa

La ministre de la sécurité publique, Geneviève Guilbault, lors d'une annonce sur le contrôle des armes à feu.

La ministre de la sécurité publique, Geneviève Guilbault.

Les convois de camionneurs attendus à Québec paralyseront moins les activités des citoyens et des commerçants qu’ils ne l’ont fait à Ottawa, espère la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. Toute la classe politique de Québec retient son souffle.

Une «stratégie globale» sera élaborée en ce sens, promet la ministre Guilbault. Les tenants et aboutissants de cette stratégie devraient être dévoilés jeudi. «On comprend que les gens sont tannés, et il y a moyen de le faire [manifester] convenablement, dans le respect des gens», affirme la vice-première ministre.

L’élue s’est rangée derrière le maire de Québec, Bruno Marchand, qui a garanti que sa patience sera moins grande que celle de son homologue d’Ottawa, Jim Watson. «Il faut trouver l’équilibre entre le respect du droit de manifester puis le respect des gens de vivre, a-t-elle raisonné, en critiquant au passage les intentions des manifestants. L’objet de la manifestation me paraît contradictoire avec une manière de manifester qui empêcherait les familles de profiter de la vie.»

Les célébrations du traditionnel Carnaval de Québec débutent dès demain. Le bon déroulement de l’événement doit être assuré malgré la présence de manifestants, estime la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

Laissez les gens de Québec et les visiteurs profiter des activités du Carnaval en toute sécurité. Nos festivals travaillent très fort et les Québécois ont besoin de renouer avec leurs événements.

Caroline Proulx, ministre du Tourisme

«Ça me préoccupe beaucoup, commente Bruno Marchand. On est à une période où on essaie de donner de l’espoir aux gens, de retrouver du plaisir, on veut que les gens viennent encourager nos restaurateurs et nos hôteliers maintenant que les mesures sanitaires baissent.»

«Rester chez eux»

Si l’objectif des manifestants est de venir «bloquer Québec», «d’envoyer des messages haineux» ou «d’avoir des comportements inacceptables», ils doivent rester chez eux, estime la cheffe des libéraux, Dominique Anglade. Ils ont toutefois le droit de manifester de façon pacifique sans qu’il y ait «de propos haineux qui soient tenus».

«C’est là que je trace la ligne», dit-elle.

Certains individus ont présenté des drapeaux ornés d’une croix gammée à Ottawa. Pour Mme Anglade, cela est «plus qu’un message haineux». «À partir du moment où tu te balades avec des drapeaux nazis, ça ne peut pas être acceptable dans notre société, là, il faut le condamner», considère Mme Anglade.

Des pancartes racistes, misogynes et autrement haineuses ont été affichées fièrement lors des manifestations entourant le convoi de camionneurs à Ottawa.
Crédit: Sidney Dagenais/Collaboration spéciale

«Québec a déjà vu d’autres manifestations dans la vie», commente la solidaire Manon Massé. «Je pense que Québec, le Parlement, est équipé pour encadrer les manifestations, indique-t-elle. Mais, moi, ma pensée va beaucoup, beaucoup aux commerçants, aux gens qui avaient prévu venir au Carnaval durant les prochains jours. Je pense que ça suscite une certaine inquiétude.»

Lorsqu’on polarise, on reçoit un boomerang en pleine face. Là, ce qu’il faut, c’est continuer à se solidariser les uns les autres parce que ce n’est pas terminé, cette pandémie-là.

Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire

«Jammer» la Ville de Québec comme prévoient le faire les camionneurs n’est pas un acte de libre expression, selon le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. «C’est de l’obstruction puis un manque de respect pour les autres, note-t-il. Donc, ce qu’on demande aux manifestants, c’est de se faire entendre, de faire entendre ce qu’ils ont à dire, oui, mais de ne pas non plus assiéger la ville de Québec.»

Tous les partis ont ouvert la porte à une rencontre avec les manifestants, sauf le Parti québécois, qui souhaite un temps de réflexion. «On suit avec beaucoup d’intérêt les points de vue des divers groupes de la population, parce qu’on s’inquiète du climat social. Donc on va entendre les arguments», précise M. St-Pierre Plamondon.

Avec la collaboration de Mona Lechasseur.

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