Avec les 20 députés de son caucus, le Parti libéral du Québec (PLQ) est le seul parti d’opposition officielle à l’Assemblée nationale. Mais après la démission de Dominique Anglade, le bateau libéral se retrouve sans capitaine. Le parti va-t-il conserver sa place de numéro un pour donner la réplique à la Coalition avenir Québec (CAQ)?
Réponse: certainement, mais «ça ouvre une place pour Québec solidaire» selon le politologue et professeur en communication publique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Bernard Motulsky.
Finalement, le titre de «chef de l’opposition officielle» importe peu. Ce qui compte, ce sont les questions que les oppositions posent à la majorité, «le bruit qu’ils peuvent faire. Il y a de la place dans l’opinion publique et dans les médias qui est disponible.»
Rappelons qu’il faut avoir au minimum 12 députés élus pour qu’une formation puisse être considérée comme un parti politique à l’Assemblée nationale. Cela permet d’obtenir un temps de parole essentiel pour participer au débat. Ce à quoi Québec solidaire (QS), avec seulement 11 députés, ne peut prétendre. La donne pourrait cependant changer si le parti de gauche sort vainqueur de l’élection partielle à venir dans Saint-Henri–Sainte-Anne.
Un boulevard pour la CAQ
En attendant, «il faut être capable de marquer des points, d’attirer l’attention». «Éric Duhaime n’est pas à l’Assemblée, donc c’est difficile [pour lui de jouer] ce rôle. Le Parti québécois [compte] trois [députés], c’est pas beaucoup», mentionne M. Motulsky. Québec solidaire a ainsi tout l’espace nécessaire pour briller.
Malgré tout, «le gagnant dans tout ça, c’est le gouvernement Legault», estime le politologue André Lamoureux. La CAQ «n’a même pas à craindre» un chef de l’opposition officielle bien établi, car il ou elle sera intérimaire. Face à une opposition désorganisée, voire morcelée, le boulevard n’a jamais semblé aussi large pour le parti majoritaire.
«Québec solidaire et le Parti québécois n’ont pas de statut officiel, M. Duhaime n’est même pas capable d’avoir un bureau à l’Assemblée nationale, bien qu’il représente plus d’un Québécois sur dix… C’est M. Legault qui rit dans sa barbe», analyse Patrick White, politologue et professeur de journalisme à l’UQAM. Pour les solidaires, il s’agit d’une occasion en or pour se faire voir, mais il faudra être patient.
«Il y a un gros changement générationnel, avec une majorité de jeunes en faveur de QS. On peut présumer qu’ils vont avoir [un] meilleur score [dans] quatre ans», conclut-il.