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Québec solidaire: la parité, oui, mais à quel prix?

Lancement de la campagne de Québec solidaire avec Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé comme co-porte-parole, le 26 février 2018. / Josie Desmarais/Métro Photo: Josie Desmarais

Les désirs de parité de Québec solidaire (QS) pourraient bel et bien se retourner contre le parti politique. La présidence du parti a demandé à ses membres de choisir une candidate féminine pour le représenter dans la course à l’investiture de la circonscription de Jean-Talon, et ce, bien que le candidat solidaire Olivier Bolduc soit déjà dans la course et qu’il possède une bonne base électorale. 

Déclenchée mardi dernier, l’investiture de QS dans Jean-Talon a déjà trouvé une candidate, la professeure de comptabilité Christine Gilbert qui devra faire face au candidat Olivier Bolduc. Ce dernier n’en est pas à sa première élection. En octobre dernier, alors qu’il se présentait pour la deuxième fois, le candidat solidaire était arrivé en deuxième position avec 23,76% des voix, contre 32,5% pour la candidate caquiste, Joëlle Boutin, qui quitte la vie politique. 

«C’est un objectif louable, la parité, mais ça ne peut pas devenir un dogme sectaire, explique le politologue spécialisé en politique canadienne et québécoise André Lamoureux. Je trouve que c’est complètement inapproprié de faire une chose pareille et ça peut nuire à QS.»

Selon lui, le parti politique se «tire une balle dans le pied» en tentant de garder le cap sur la parité au lieu de se fier aux compétences des candidats. Pour le politologue, la décision de QS pourrait avantager le Parti québécois, qui avait récolté plus de 18% des voix aux dernières élections dans Jean-Talon. 

«QS est en train, possiblement, de diviser ses propres troupes, et ce n’est pas une façon de se préparer pour gagner une élection, dit-il. Il ne faut pas faire une religion de la question de la parité. On devrait viser à ce qu’il y ait le maximum de femmes dans une équipe électorale, mais il faut regarder toutes les autres dimensions qui sont favorables dans une élection.»

La première vice-présidente de l’Association féministe d’éducation et d’action sociale, Lise M. Vachon, appuie l’idée qu’il faut davantage se fier aux compétences des personnes candidates et non pas à leur genre. «Les politiciens ont tendance à parler beaucoup de parité pour peut-être inciter les jeunes à aller voter et à se présenter, et parfois le message ne passe pas nécessairement comme il le devrait, explique-t-elle. Il ne faut pas que les gens élisent quelqu’un à tout prix pour que ce soit des femmes ou des hommes.»

Québec Solidaire «face à un dilemme»

Pour la professeure associée au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Anne-Marie Gingras, QS se retrouve face à un dilemme, car deux principes auxquels le parti tient «s’entrechoquent»: le droit des membres de choisir leur candidat et la parité hommes-femmes en politique. 

«Aujourd’hui, on est plutôt dans une ère d’équité, de diversité et d’inclusion avec une espèce d’obsession identitaire, dit-elle. Au total, ça pose problème, car si c’est la femme qui est élue, elle va se faire dire qu’elle est élue parce que c’est une femme.» 

Selon Anne-Marie Gingras, les anciens programmes d’accès à l’égalité étaient «plus gérables», alors que peu de place est désormais accordée à la compétence des personnes. 

«Québec solidaire ne sera pas le seul parti qui sera devant un tel dilemme. Il y a d’autres organisations qui vont y faire face, comme les universités», ajoute la professeure. 

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