Le deuxième chèque proposé par Québec pour aider les citoyens contre l’inflation suscite des réactions mitigées. Si ce versement permettra à beaucoup de personnes en situation de pauvreté de «souffler un peu», le Collectif pour un Québec sans pauvreté croit qu’elle est «insuffisante».
«À moyen ou long terme, elle ne fera aucune différence dans la vie des personnes qui souffrent le plus de la hausse du coût de la vie», juge l’organisme dans un communiqué.
La Coalition avenir Québec (CAQ) enverra un chèque de 600 $ aux citoyens ayant un revenu de 50 000 $ ou moins. Ceux qui gagnent entre 50 000 et 100 000 $ recevront un chèque de 400 $. Cette mesure qui fait partie du «bouclier anti-inflation» annoncé par la CAQ durant la campagne électorale serait cependant peu efficace pour combattre la hausse du coût de la vie.
Le chèque de 600 $ servira dans la plupart des cas à régler des factures en souffrance et à payer l’épicerie et des vêtements, prédit le porte-parole Serge Petitclerc. «Quand on manque de tout à l’année, un chèque de 600 $ est bien vite dépensé. Et que se passera-t-il après?», se questionne-t-il.
Un reproche que formule également le Parti québécois à l’endroit du gouvernement Legault. Selon le député Pascal Bérubé, en continuant sur la «voie des chèques», la CAQ ne s’attaque pas vraiment «aux causes à long terme de la hausse du coût de la vie».
Une mesure inéquitable?
«C’est une mesure qui ratisse trop large, envoyer 800 $ aux familles qui gagnent 200 000 $ par année, alors que certains sont cruellement dans le besoin dans la situation actuelle. Il faut cibler et mettre le plafond plus bas», invite-t-il. Celui-ci rappelle d’ailleurs dans un communiqué que si on ramenait le plafond actuel à 80 000 $ par année, «l’État économiserait des centaines de millions qui pourraient ensuite être redirigés pour mieux aider ceux qui en ont réellement besoin».
«Faire des chèques, c’est pas la solution», selon Nathalie Elgrably-Lévy, économiste à l’Institut économique de Montréal (IEDM). Selon elle, alléger la fiscalité peut en revanche soulager les citoyens.
Serge Petitclerc croit également que la mesure est «inéquitable». «L’impact de l’inflation est beaucoup plus dramatique pour les personnes qui vivent avec moins que le minimum vital que pour celles qui gagnent 100 000 $», considère-t-il.
Comme solution, les péquistes croient pour leur part qu’il faut doubler le crédit d’impôt pour solidarité et aider les personnes gagnant moins de 50 000 $ avec un «chèque plus substantiel». Finalement, Pascal Bérubé appelle à la création d’un bureau de la concurrence pour empêcher les grandes entreprises, notamment pétrolières, à grossir leurs marges injustement en période d’inflation. Une autre mesure, comme celle promise par le PQ en campagne: la hausse du salaire minimum à 18 $ de l’heure. Ce dernier est actuellement de 14,25 $.