Il n’est pas facile de percer le grand jazzman montréalais Oliver Jones. Très discret, il préfère parler de tous les gens qui l’on aidé dans sa carrière plutôt que de dévoiler ses secrets. Mais l’homme devenu légende qui est aussi dans sa jeunesse venu voler des pommes dans le verger des Sœurs Sainte-Anne, à Lachine, livrera son cœur sur la scène de l’Entrepôt, le 17 novembre.
Le musicien de 82 ans, qui a foulé les plus grandes scènes internationales de jazz rigole un peu lorsqu’on s’étonne qu’il parle si bien le français, avec l’accent des quartiers ouvriers de Montréal.
« J’ai grandi à Saint-Henri et ma femme vient de là aussi. Je parle aussi très bien espagnol. Lorsque nous vivions à Puerto Rico, mon fils et moi on parlait cette langue entre nous pour ne pas que Monique comprenne », se souvient en riant le pianiste.
Aux côtés de son voisin d’enfance, Oscar Peterson, et Charles Biddle, il a fait briller la scène du Festival de jazz de Montréal pendant plus de 30 ans et inspiré bon nombre de générations de petits québécois.
« Je n’avais aucune idée que j’avais encore cette influence sur les jeunes. Mais on ne peut se leurrer, quand on voit des jeunes virtuoses comme Daniel Clarke Bouchard, qui entre à la prestigieuse école de musique américaine Juilliard, à 11 ans. Moi, j’ai dû attendre d’avoir 62 ans avant d’y mettre les pieds», admet celui qui, à cinq ans, était déjà considéré comme un prodige.
Souvenirs
Depuis des décennies, Oliver Jones fait vibrer les amateurs de partout dans le monde avec son piano. Mais le moment qui le rend nostalgique est le jour où il était accompagné de l’Orchestre symphonique de Montréal, à l’époque dirigée par Charles Dutoit.
« C’était grandiose, ma musique était plus grande que nature. C’est vraiment un moment inoubliable. »
Mais ce n’est pas là le seul souvenir qu’il garde de la longue carrière qu’il a connue. « J’ai joué avec les plus grands musiciens du monde et le soutien de mon entourage est ce qui m’a permis de continuer lorsque ça allait moins bien et de connaître autant de succès », ajoute-t-il, citant Oscar Peterson comme son meilleur allié.
Le soir où il a ouvert le Festival de Jazz à ses côtés, en 2004, fait aussi partie de ses meilleurs souvenirs, tout comme s’exécuter en première partie du chanteur Tony Benett.
Cette année, il a offert des spectacles accompagné de deux musiciens à travers le Canada, devant des salles combles. Le spectacle-bénéfice au profit de la Fondation de l’Hôpital de Lachine qu’il donnera à l’Entrepôt sera un des dix derniers spectacles de sa deuxième, et promet-il, dernière tournée d’adieu.
« C’est réellement un honneur pour moi d’avoir l’opportunité de dire au revoir à tous mes fans. À chaque fois, ils me reçoivent avec tant de générosité », souligne-t-il.
Sa tournée, ainsi que sa carrière, prendra fin à la Barbade, dans le village natal de ses parents, pour leur rendre un dernier hommage.
«Beaucoup de membres de ma famille seront présents sous le soleil et je prévois beaucoup de plaisir lors de cette soirée. En espérant que je pourrai me reposer après», termine-t-il.
Contrairement à la première fois où il avait pris sa retraite, il ne prévoit pas complètement abandonner son instrument. Il espère avoir encore, de temps en temps, l’opportunité d’offrir des concerts-bénéfices comme celui qu’il donnera à Lachine.