La comédie musicale de Broadway Cinderella, d’après le spécial télévisé de Rodgers and Hammerstein qui mettait en vedette Julie Andrews en 1957, était présentée pour la première fois à Montréal, en anglais, mardi soir.
Les petites (et grandes) filles étaient nombreuses dans le public rassemblé à la salle Wilfrid-Pelletier mardi soir. L’histoire de la pauvre jeune femme au grand cœur qui devient princesse grâce à l’aide de sa bonne fée marraine fascine visiblement toujours. Et cette version peut se féliciter d’avoir ajouté un peu de substance à la relation entre Cinderella (Tatyana Lubov) et le Prince charmant, Topher (Hayden Stanes), qui, même s’il n’est pas sans nous rappeler le prince un peu benêt incarné par James Marsden dans Enchanted, a le mérite de tomber sous le charme de Cinderella non pas que pour sa beauté, mais aussi pour ses idées.
Car cette Cinderella ne rêve pas (que) de bals enchantés et de robes blanches – elle veut aussi attirer l’attention du prince (un universitaire) sur la pauvreté qui règne dans son royaume et que ses conseillers tentent de lui cacher. Une de ses «vilaines» demi-sœurs, Gabrielle (Mimi Robinson), se révèle en fait l’alliée de Cinderella, car elle est amoureuse du révolutionnaire Jean-Michele (Chris Woods). On aime aussi que la fée marraine soit une vieille amie de Cinderella qui révèle ses pouvoirs magiques quand celle-ci aura maintes fois prouvé qu’elle a grand cœur. Et même si, comme dans toutes les versions du célèbre conte de Charles Perrault, on a du mal à croire à l’amour éternel que jure le prince à la belle qu’il ne reconnaît que quand elle chausse le soulier de verre (mais bon, on est dans un conte de fée, après tout!), on apprécie que les tourtereaux aient eu plus d’une conversation avant de se rendre à l’autel.
Cela a toutefois pour effet que les scènes s’étirent parfois un peu trop, et perdent leur intérêt, d’autant plus que les chansons ne sont pas aussi accrocheuses que dans d’autres classiques de Broadway (inconditionnels de Disney, n’attendez pas que la fée jouée par Leslie Jackson entonne un Bibbidi-Bobbidi-Boo, car il n’en sera rien – pas plus que des souris dotées de parole ne se métamorphoseront en chevaux pour tirer le carrosse-citrouille.)
Du reste, les rebondissements manquent à l’histoire. La belle-mère incarnée par Sarah Primmer passe de très méchante à gentille en quelques minutes et ne sert pas à grand-chose au final (on se souviendra de la terrible marâtre de Disney qui enfermait sa belle-fille pour l’empêcher d’aller au bal), et l’humour qui vise à apporter une touche de modernité à l’ensemble sonne néanmoins un peu usé.
Quoiqu’il en soit, cette production visuellement ravissante, pleine de robes chatoyantes et de décors somptueux, nous accroche un sourire aux lèvres et nous fait rêver, et c’est l’objectif, après tout!
Cinderella se poursuit à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts jusqu’à dimanche.