Culture

Paterson: Thérapeutique Jim Jarmusch

Matt Prigge - Metro World News

Depuis la sortie de son premier film, Permanent Vision, en 1980, Jim Jarmusch est resté fidèle à lui-même. Son parcours de cinéaste indépendant n’a jamais été calculé pour lui permettre de travailler un jour pour un gros studio ou de réaliser un film de super héros. De temps en temps, le monde reçoit un de ses films en cadeau. Le prochain sera Paterson.

Paterson raconte une semaine dans la vie d’un chauffeur d’autobus et poète portant le prénom du titre (joué par Adam Driver). En entrevue avec Métro, le réalisateur explique pourquoi la signification de ses films importe peu.

Regarder Paterson est apaisant, presque thérapeutique avec tout ce qui se passe en ce moment dans le monde. Je ne veux pas diminuer l’importance du film en disant cela ou laisser entendre que vous êtes influencé par les tendances…
J’espère que ce n’est pas ce que je fais. Parfois, les gens voient un peu trop de choses dans mes films. Comme dans Paterson, ils disent: «Il n’a pas de téléphone portable. Êtes-vous contre la technologie?» Eh bien non, le personnage a fait le choix de ne pas avoir de portable. Sa femme Laura [jouée par Golshifteh Farahani], a un iPad et un ordinateur portable. Ce n’est pas autobiographique.

Est-ce que les gens cherchent trop l’aspect autobiographique dans l’art?
Ils cherchent toujours une signification. Pendant une période de questions dans le cadre du Festival de film de Toronto, j’ai taquiné un peu les gens dans audience parce qu’ils voulaient connaître la signification de tout dans le film. J’ai dû dire: «La signification est qu’il n’y a pas de signification. (Rires) N’examinez pas tout de si près. Laissez les détails s’accumuler sans vous inquiéter de ce qu’ils veulent dire, car je ne le sais
pas moi-même.»

Votre film Only Lovers Left Alive a été un projet d’environ huit ans. Est-ce que vous avez laissé mûrir Paterson aussi longtemps?
L’idée du film a germé il y a à peu près 20 ans. J’étais de passage à Paterson, au New Jersey, et j’ai eu la vague idée de faire un film à propos d’un poète de la classe ouvrière qui se nommerait Paterson et qui vivait dans la ville du même nom. Mais c’était tout. J’ai pris quelques notes, que j’ai laissées dans un tiroir. J’ai ensuite beaucoup lu sur l’histoire de Paterson. Pas nécessairement pour le film, mais par intérêt. J’ai écrit le scénario il y a six ans et j’ai travaillé sur d’autres projets entre-temps.

«Il y a trop de choses fascinantes dans le monde, il est impossible pour moi de ne m’intéresser qu’à une seule.» – Jim Jarmusch

Vous avez produit votre documentaire sur The Stooges, Gimme Danger, à peu près au même moment où vous avez tourné Paterson. Comment était-ce de naviguer entre un film sur un groupe de musique aussi survolté et un film aussi calme?
Il y a une connexion entre les deux films, car les Stooges sont des artistes qui proviennent de la classe ouvrière. Ils ont travaillé très fort pour faire ce à quoi ils croyaient. Ils ont travaillé sur leur musique, même si le monde ne l’a pas nécessairement embrassée. Et Paterson est un artiste très discret. Il ne veut pas devenir connu et il est probablement trop naïf pour essayer de faire publier ses poèmes, même si sa femme, Laura, voudrait que le monde puisse les lire. Comme The Stooges, Paterson et sa femme vivent leur vie comme ils l’ont choisi. Mais les deux films ont des styles très différents.

Paterson est un bon complément à Only Lovers Left Alive, car les deux films mettent en scène des gens en couple qui ne rechignent pas à passer du temps l’un sans l’autre.
Ils aiment l’autre pour qui il est. Dans Only Lovers Left Alive, elle vit à Tanger. Elle a peut-être besoin d’une pause de quelques années parce qu’il est maussade et difficile à vivre, mais elle l’aime plus que tout et ferait tout pour lui. La même chose est vraie pour lui.

Dans Paterson, on ne voit qu’une semaine de leur vie, mais l’histoire n’est pas centrée sur le conflit. C’est à propos de… je ne sais pas c’est à propos de quoi! (Rires) C’est à propos des petits détails qui s’accumulent, du fait que chaque jour de la vie est une variation du jour précédent et du jour suivant.

En salle dès vendredi

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