Le Britannique Jacob Collier, qui sera au Club Soda samedi dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal, discute avec Métro de Quincy Jones et de stratégie sur les médias sociaux.
La soudaine montée en popularité du musicien de 22 ans est un cas d’école de comment devenir viral sur l’internet. Après avoir mis sur YouTube sa version a cappella de la chanson Don’t You Worry ‘Bout A Thing de Stevie Wonder, en 2013, il est tout simplement allé se coucher. Au réveil, il s’est aperçu que sa vidéo avait été visionnée 100 000 fois durant la nuit et qu’elle avait même attiré l’attention de la légende du jazz Quincy Jones, qui deviendra le gérant de Collier. Trois ans plus tard, Jacob Collier a un premier album, In My Room, et deux Grammy en poche.
Est-ce que vous sentez que le jazz est encore pertinent pour les jeunes?
C’est clairement un défi de trouver comment parler à la nouvelle génération. Mais comme Quincy Jones me dit souvent, le jazz est la musique classique du pop. La musique pop vient de musiciens qui avaient le jazz en tête – ils ont créé avec un langage qui existait déjà et ils ont dit de nouvelles choses avec. Cette idée de réinventer les vielles choses et de les ramener sous un meilleur jour est intemporelle.
Pour moi, beaucoup de musique très intéressante en 2017 mélange les genres. L’idée de mixer les cultures, de réinventer les choses et de parler un langage commun est central pour le jazz en tant que style.
Vous avez débuté votre carrière sur YouTube… Pensez-vous que ce média est la meilleure plateforme pour faire connaître de nouveaux artistes?
Je ne pense pas que c’est spécifique à YouTube. C’est là où les gens se sentent le plus confortables et où vous avez le plus de fans. C’est un bon endroit pour commencer à construire. Mais si j’avais seulement des admirateurs sur YouTube, j’aurais une quantité très limitée de personnes que je pourrais rejoindre, parce qu’il y a seulement un certain type de personne qui utilise YouTube.
C’est aussi très important de comprendre que chaque média social a différents buts. Twitter est à propos de la conversation; Instagram sert à partager des petits bouts de sa vie; Facebook, c’est documenter une histoire; et YouTube est comme la pièce-maîtresse où tout votre contenu existe. J’essaie de publier des trucs sur toutes les plateformes quand je peux.
Vous semblez avoir une bonne connaissance des réseaux sociaux et de leurs rôles. Est-ce que vous vous considérez comme un bon stratège de médias sociaux?
Je crois fermement que si vous faites du bon contenu, il va éventuellement se retrouver à la surface. C’est pas mal ce qui m’est arrivé. J’ai fait quelque chose qui était d’une qualité assez bonne pour que les gens le partagent. Les gens devraient se concentrer là-dessus. Je ne pense pas que les créateurs devraient croire dans le mythe qu’une bonne présence sur les médias sociaux est meilleure que du bon contenu. Ça ne l’est tout simplement pas. Du bon contenu peut exister sur n’importe quel média, à n’importe quel moment, et ça va toujours attirer des gens.
Les artistes sont trop stressés par certaines choses comme le meilleur moment pour publier… Concentrez-vous sur le contenu! C’est tout. Focalisez sur la manière de faire des œuvres engageantes, émouvantes, vulnérables, honnêtes. De la musique humaine. C’est de ça que le monde a besoin. Le monde n’a pas besoin de plus d’information médiatique, il a besoin de plus d’art.