La chanteuse espagnole de 44 ans Concha Buika, dite Buika, se considère comme une «soldate du monde». Elle chantera sur la scène du Théâtre Maisonneuve dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal mardi soir, à 20 h.
Concha Buika est mystérieuse et sa voix est très particulière. L’auteure-compositrice-interprète originaire n’a pas peur de dire ce qu’elle ressent, et cette caractéristique se reflète dans sa musique. Son talent l’a menée à partager la scène avec de grands musiciens comme American «Chick» Corea. Buika a aussi été invitée par Pedro Almodovar à participer à la trame sonore du thriller psychologique espagnol La piel que habito, sorti en 2011.
«J’ai eu une évolution très paisible, parce que je suis une fille sage. Je n’ai jamais de problèmes et j’ai une attitude qui n’attire pas l’attention. Je travaille continuellement. J’ai aussi été capable de voyager beaucoup, de voir beaucoup de pays et de rencontrer de nouvelles personnes. J’ai réussi à étendre mes horizons, à m’inspirer de la poésie, de la littérature, des films et de la photographie», explique Concha Buika à Métro.
Elle précise qu’elle ne peut pas ignorer ce qu’il se passe dans le monde, qu’elle est une femme sensible et que sa musique s’en ressent. «Aujourd’hui, plus que jamais, les artistes ont de la difficulté et ce, partout dans le monde. Comme les journalistes, les écrivains ou les danseurs, nous sommes une armée qui unifie, qui fait tomber les murs et qui ouvrent les frontières. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons travailler et ne jamais se reposer » affirme-t-elle.
«Les scènes de partout sur la planète devraient être en feu, parce qu’une des manières qu’ils ont de faire la guerre dans nos pays, c’est de dévaluer la musique, d’avoir des artistes qui n’ont plus de valeur, dépressifs, souligne la chanteuse d’origine équato-guinéenne. Mais on est beaucoup à continuer à combattre pour nos frères autour du monde, parce que la musique est une arme de construction massive. De nos jours, on doit se battre dans le sang et le feu pour vaincre la guerre.»
Buika est reconnaissante de la liberté qu’elle a eu de pouvoir se libérer à travers son art. «Vivre sans peur, c’est amusant, mais c’est impossible, dit-elle. La peur est une partie de nous-même, c’est ce qui nous forme et nous déforme. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’hommes et de femmes dans le monde qui n’ont pas peur, mais je ne serais pas capable de tomber en amour avec un homme qui n’a pas peur. Je pense que souvent, les plus intelligents sont ceux qui détruisent la planète. J’aime m’ouvrir et me laisser aller. Tout ce qui est pur en moi reste là… l’innocence est un bon point de départ.»
Elle a chanté en hébreu, en arménien, en italien, en portugais, en catalan et en anglais, ce qui en fait une citoyenne du monde qui aime raconter des histoires. «Peu importe la langue, je pense que je suis une des meilleures combattantes que vous puissiez trouver dans le monde, déclare-t-elle. Je rassemble toujours un groupe de personnes complètement folles qui croient que la musique ne vient pas de la prétention, de la peur ou de la nécessité, mais de la liberté de s’exprimer.»
Buika voyage à travers le monde avec ce son particulier qui a un peu de reggae, de flamenco, de R&B, d’afrobeat et de gospel, mais sa tournée, Para Mi («Pour moi»), devient plus symphonique. «J’ai un besoin et un peu l’égo d’avoir des musiciens de chaque pays autour de moi», conclut-elle.