Culture

Alexis Martin en témoin de son temps

Geneviève Vézina-Montplaisir, Métro

Il y a 10 ans, Alexis Martin signait le texte de la pièce de théâtre Oreille, tigre et bruit. À l’époque, son questionnement sur l’hypercommunication avait quelque chose de visionnaire. Aujourd’hui, ses propos sont toujours d’actualité. Homme de théâtre visionnaire ou témoin de son temps, Alexis Martin pose un regard personnel sur le monde qui l’entoure.

Oreille, tigre et bruit met en scène Hubert Alain (François-Étienne Paré), un animateur de télévision saturé de tous les mots et les discours que ses invités tiennent sur son plateau. Il entend aussi un bruit de fond continuel dont il
n’arrive pas à trouver l’origine. Pas moyen pour lui d’éviter toute forme de communication. Il entreprend alors alors une réflexion sur l’importance du discours, sur la valeur et le pouvoir des mots.

À l’ère de l’internet et du cellulaire, la communication est presque inévitable, et Alexis Martin a décidé d’étaler au grand jour les pours et les contres de cette facilité à toujours être en contact les uns avec les autres.

«C’est une constatation que je faisais et je n’étais pas le seul à la faire, affirme l’auteur. Il y a toujours ces deux camps opposés. Les uns disent qu’il faut multiplier les réseaux de contacts, la communication. Les autres disent que c’est la qualité de la communication qui est importante, pas nécessairement son ampleur et pas de pouvoir parler à n’importe qui, n’importe quand. Il y a toujours eu ces deux écoles-là. Ceux qui sont pour l’instantanéité, la vitesse de la communication, et ceux qui disent que la communication, c’est précieux et ça se cultive. Je ne sais pas qui a raison. La vérité doit être à quelque part entre les deux.»

Deuxième vie
Présentée une première fois il y a 10 ans par le Théâtre expérimental, troupe qu’Alexis Martin et Daniel Brière ont fondée tous les deux, la pièce a été redécouverte par la directrice artistique du Théâtre d’Aujourd’hui, Marie-Thérèse Fortin, qui a voulu lui donner une deuxième vie. Daniel Brière, qui jouait dans la version originale, en signe aujourd’hui la mise en scène. Aux côtés de François-Étienne Paré, Chistian Bégin, Patrick Drolet, Fanny Mallette, Évelyne de la Chenelière et Éloi Cousineau complètent la distribution de la pièce, qui ne semble pas avoir pris une ride.

«Quand j’ai relu la pièce, je me suis dit que ça n’avait pas tant vieilli, confie Alexis Martin. Quand je l’ai écrite, je faisais dire à quelqu’un : « internet avait déjà rejoint des millers de foyers ». Là, j’ai changé ça pour « des centaines de millions de foyers! » À l’époque, ce n’était pas encore rendu au top, mais je pense que j’avais une bonne prescience quand même.»

Homme orchestre
Outre son rôle d’auteur, Alexis Martin porte plusieurs chapeaux. Tantôt comédien, tantôt metteur en scène, directeur de théâtre ou scénariste, l’homme à tout faire jouit d’une grande liberté artistique. Pendant que la pièce qu’il a écrite sera jouée au Théâtre d’Aujourd’hui, la création Sacré cÅ“ur, qui offre un regard de l’intérieur sur le milieu hospitalier, sera présentée au Nouveau Théâtre expérimental.  

«Je ne gère pas, j’improvise, explique l’homme à tout faire. J’y vais au petit bonheur, j’ai toujours été bien libre. J’ai toujours refusé les cloisonnements. Je fais un métier et c’est celui du théâtre. Que ce soit comme acteur ou comme metteur en scène, c’est le même métier quelque part. Ce sont les mêmes soucis de dramatiser, de raconter une histoire.»

Outre le théâtre, qui occupe une grande place dans sa vie et qui lui laisse une grande liberté, Alexis Martin adore aussi faire du cinéma. Il a d’ailleurs travaillé à l’écriture d’un scénario aux côtés du réalisateur de Gaz Bar Blues, Louis Bélanger, qu’il devrait présenter à nouveau aux institutions à l’automne.

«J’adore faire du cinéma!, s’exclame-t-il. En tant qu’acteur c’est vraiment trippant. Comme le théatre, ça permet de raconter une histoire, mais aussi de créer des personnages, de faire exister des êtres humains. Je crois que c’est le plus beau métier. On joue un peu au bon Dieu.»

Oreille, tigre et bruit
Au Théâtre d’Aujourd’hui
Du 1er au 26 avril

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