Une série lourde et glauque au beau milieu de l’été, c’est un pari intéressant de la chaîne HBO qui, par le passé, avait aussi tenté le coup avec The Leftovers avec un succès plutôt mitigé.
Cette fois, c’est Sharp Objects. Une adaptation du premier roman du même nom de Gillian Flynn (Gone Girl) réalisée par Jean-Marc Vallée, de retour à la télévision après le succès retentissant de Big Little Lies l’an dernier.
La série tourne autour d’Amy Adams qui campe une journaliste, Camille, de retour dans son village natal, Wind Gap au Missouri, pour faire la lumière sur le meurtre d’une jeune fille et la disparition d’une autre. Rapidement, on réalise que le passé trouble d’Adams n’est jamais complètement disparu de son rétroviseur et la disparition devient un deuxième meurtre et l’angoisse s’étend aux relations entre Adams et sa mère, sa demi-sœur et toute la communauté qui elle encapsule, à sa manière, une culture toxique et violente de laquelle les histoires sordides se nourrissent sans manquer de nutriments.
Après quatre épisodes d’une saison de huit, je dois avouer être impatient de savoir la suite. Le tout débute lentement, très lentement, et on ne cerne pas bien l’univers dépeint par Vallée entre le passé et le présent sans trop expliquer les images qui nous matraquent. C’est au fil des épisodes et des explorations de Camille que les pièces du casse-tête se dévoilent et que la tension se trace au même rythme que les mots sur le corps cicatrisé d’une journaliste traînant son passé comme un boulet à son pied.
Le «Wind Gap» de Sharp Objects est captivant et sa noirceur nous englobe rapidement. Les dialogues, les lieux, même les odeurs traversent l’écran et nous confrontent à une forme de malaise duquel on ne sort pas complètement indemne. Il y a l’enquête et le mystère comme un véhicule narratif, mais il y a surtout le poids du temps et des actions. Les conséquences concrètes d’une vie déformée par l’importance de maintenir les apparences.
Ainsi, Camille déjeune à la vodka et compose avec un quotidien où les vêtements dissimulent autant la peau que les blessures et les secrets.
Le seul réel défaut de Sharp Objects, c’est la mauvaise habitude qu’a développée Vallée de peinturer les émotions de ses personnages à l’aide d’une musique dominante et présente à l’écran. Des disques, des écouteurs, une radio de voiture, un iPhone – la musique chez Vallée est un personnage qui a le défaut de ses qualités, c’est-à-dire prendre une place trop importante dans le récit. Cela dit, ça fait partie de sa proposition et il faut la prendre en bloc pour bien l’apprécier, mais on aimerait voir une actrice du calibre d’Amy Adams se faire les dents dans un univers pourtant si riche en zones de gris.
Sinon, à part cette petite réserve, il faut plonger dans Sharp Objects et voir dans quel état vous en sortirez. À mi-chemin de cette première saison, on peut déjà dire que c’est un projet mieux mené et plus intéressant que Big Little Lies qui était, pourtant, un beau tour de force télévisuel.