Culture

Deepa Mehta parle de son film Midnight’s Children

Deepa Mehta, renommée cinéaste canado-indienne derrière la trilogie Fire, Water et Earth, s’attaque à un gros morceau de littérature : Midnight’s Children, de Salman Rushdie.

Midnight’s Children, c’est l’histoire de l’Inde post-coloniale à travers celle de deux jeunes garçons. Saleem et Shiva sont nés en même temps, sur le coup de minuit, le jour même où l’Inde a acquis son indépendance de la Grande-Bretagne. L’un vient d’une famille riche, l’autre a des parents pauvres. Mais cette nuit-là, leurs destins sont inversés… et liés à jamais à cause de pouvoirs surnaturels conférés par leur naissance en ce jour particulier.

C’est cette histoire complexe et touffue que Deepa Mehta a choisi de porter à l’écran dans le film du même nom. Métro s’est entretenu avec elle.

Vous souvenez-vous de votre premier contact avec le livre de Salman Rushdie?
Oui! Je l’ai lu pour la première fois à Dehli, d’où je viens, en 1982, quand il est sorti. J’ai adoré, j’ai trouvé que c’était merveilleux, mais je n’y ai pas pensé comme à un film éventuel à ce moment-là – entre autres parce que j’étais très jeune et que je ne faisais pas encore de cinéma à l’époque. J’aimais beaucoup l’idée du passage simultané à l’âge adulte d’un pays et d’un jeune garçon.

Des changements ont-ils été nécessaires entre le livre et le scénario, que Salman Rushdie a adapté lui-même?
Oh oui! Ce n’est pas un fac-similé du roman… Sinon, ça aurait été un film de huit heures! Aucune adaptation n’est une copie exacte du livre, que ce soit Anna Karenina ou The English Patient – dans ce dernier cas, le livre parle beaucoup plus de Kip et d’Anna, alors que le film se concentre sur le patient anglais. C’est ça, une adaptation : on choisit un thème qui nous parle vraiment et on le suit.

C’est une production qu’on pourrait qualifier d’épique, qui couvre plusieurs périodes et plusieurs lieux différents. Il y a aussi des éléments de magie… Dans tout cela, qu’est-ce qui a été le plus gros défi à surmonter?
À plusieurs reprises, nous avions vraiment beaucoup de figurants, et c’est toujours un défi de travailler avec des figurants. Mais pour moi, le plus difficile a été de travailler des scènes avec plusieurs comédiens à la fois et de m’assurer qu’ils offraient tous la meilleure performance possible. Normalement, une scène au cinéma, c’est deux ou trois personnes à la fois, alors que nous devions souvent tourner avec toute la famille! Mais j’adore ce genre de défi.

On dit souvent que travailler avec des enfants est quelque chose d’assez complexe. Pourtant, vous l’avez souvent fait, notamment avec tous les «enfants de minuit»…
J’adore travailler avec des enfants. Je les trouve très simples, en fait. On dit effectivement qu’il faut faire attention quand on travaille avec des enfants ou avec des animaux; j’ai les deux dans le film, et ça s’est très bien passé! D’ailleurs, dans le film, il y a des gens de plusieurs pays – Inde, Canada… Certains viennent du théâtre, certains du cinéma, il y a des gens de milieux différents, mais ça m’importe peu; je choisis l’acteur qui correspond à ce que j’ai en tête pour un rôle.

Le film sortira en Inde en décembre. Qu’est-ce que cela représente pour vous?
C’est très excitant, bien sûr. Le point de vue est toujours très différent selon l’endroit où a lieu la projection, donc j’essaie de ne pas trop y penser et j’espère simplement que les gens apprécieront.

Qu’aimeriez-vous qu’on retienne surtout de ce film?
La recherche de la famille, quelle qu’elle soit. Vous savez, parfois, on rencontre des gens qui deviennent notre famille sans qu’on ait de liens sanguins avec eux. Et je crois qu’avec la façon dont le monde est fait maintenant, avec les gens qui migrent de pays en pays ou de ville en ville, nous sommes tous à la recherche d’un chez-soi. J’espère que le film donnera un peu d’espoir aux gens et les convaincra que, peu importe d’où on vient, il est possible de trouver un chez-soi et une famille.

Adapter Rushdie
Voilà trois ans et demi que Deepa Mehta a décidé d’adapter Midnight’s Children au cinéma. Mais «décidé» est un grand mot, précise-t-elle : «Je n’y ai pas trop réfléchi, en fait! Ça s’est fait de façon très organique et intuitive. J’ai demandé l’autorisation à M. Rushdie, qui détenait les droits pour une éventuelle adaptation. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi ce livre en particulier, alors qu’il en a écrit qui auraient été autrement plus simples à porter à l’écran! Mais quand je lui ai demandé s’il voulait que j’en fasse un film, il a répondu : “Bien sûr!” Ç’a été aussi simple et spontané que ça.»

Midnight’s Children
En salle vendredi

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