Les vacances sont officiellement terminées à la télévision avec le retour de plusieurs séries cette semaine et, surtout, les débuts de quelques nouveautés, incluant une comédie très attendue sur les ondes de TVA: Les invisibles.
Adaptation de la très populaire série française Dix pour cent, Les invisibles reprend les grandes lignes de la production d’origine avec un défi supplémentaire: convertir une saison de 6 épisodes en un long projet de 24.
Ainsi, il y aura des épisodes calqués sur la version européenne, comme le premier diffusé lundi soir, et il y en aura d’autres avec des intrigues inventées par l’équipe québécoise pour notre marché. Un heureux mélange qui, jusqu’ici, s’avère fort prometteur.
Contrairement à quelques internautes, la reprise souvent verbatim de certains passages de Dix pour cent ne m’a pas agacé. C’était même à prévoir puisqu’en achetant les droits d’adaptation, on achète aussi la bible de la série incluant les dialogues, les intrigues et les personnages. Ça serait niaiseux de ne pas l’utiliser, et reprendre une formule gagnante n’est pas forcément un piège. The Office aux États-Unis, par exemple, a connu un départ plus lent en recopiant les intrigues britanniques avant de devenir l’une des sitcoms les plus populaires des dernières années lorsque le matériel original s’est invité à l’écran.
Les invisibles pourrait rapidement entrer dans ce territoire au Québec si la production garde le cap. L’agence d’artistes étant au centre de tout, on peut faire graviter des célébrités invitées qui ne feront que passer durant la saison, gardant ainsi une certaine fraîcheur autour de l’intrigue principale.
Qui plus est, on mise sur des têtes d’affiche moins communes en offrant les rôles clés à Bruno Marcil, Karine Gonthier-Hyndman, Benoit Mauffette et Danièle Lorain. Juste ça, ça fait changement.
On parle ici d’un rendez-vous télévisuel qui devrait générer un bon succès en fonction des vedettes invitées. Reste à voir par contre si le public sera emballé quand des personnalités moins connues seront en vedette lors d’un épisode. Pour la première diffusion, Hélène Florent a repris le rôle de Cécile de France dans ce qui sera sans doute l’épisode le moins intéressant de la saison en raison de sa trop grande similitude à son homologue français, sans rien enlever à la prestation de Mme Florent.
Il ne faut pas oublier que la version québécoise bénéficie d’un budget cinq fois moindre par épisode en plus de devoir en produire quatre fois plus pour une saison. Ainsi, on ne peut pas se payer un Cédric Klapisch à la réalisation et la comparaison immédiate sera inévitablement défavorable. Il faudra vite entrer dans l’exclusivité locale pour que Les invisibles prenne réellement son envol.
À part de ça, j’ai été agréablement surpris par le ton et l’écriture. La bande-annonce laissait peut-être entrevoir une caricature plus grasse et moins intéressante, tandis que l’épisode complet s’est révélé beaucoup plus nuancé, à ma grande satisfaction.
TVA a entre les mains une production qui marquera notre saison télévisuelle, à l’exception de la trame sonore et musicale de la série, qui est absolument insupportable et devient vite un obstacle à l’appréciation de certaines scènes. On dirait une reprise sous l’effet de stimulants illicites de vieilles comédies françaises comme Un dîner de cons, où la musique rappelle le vaudeville et le théâtre d’été. Ça ne cadre pas du tout avec le ton de la série et le sérieux de l’interprétation de la distribution malgré les moments comiques.
Pour le reste, sautez sur cette nouveauté.