Quand on pense à Ingrid St-Pierre, on pense à des petits poèmes d’une honnêteté déstabilisante, chantés sur fond de musique vaporeuse. Son nouvel album, Petite plage, ne fait pas exception, portant cette signature musicale qui est la sienne depuis déjà quatre albums.
vie de faire quelque chose de lumineux, mais j’ai l’impression que cet album-là l’est un peu plus que les autres. J’essaie de trouver pourquoi…» tente d’expliquer l’auteure-compositrice-interprète. Est-ce parce qu’elle avait un trop-plein de bonheur en elle? Parce qu’elle avait l’impression que ses fans avaient besoin d’une bonne dose de réconfort en ces temps plutôt moches? Probablement un peu des deux, oui.
Sur Petite plage, on trouve donc des ballades aux sonorités plus pop que jamais, parlant d’amour (La vie devant), de vieillesse (Les joailliers), et de dépression (À la mer), entre autres. Comment est-ce qu’Ingrid St-Pierre réussit à écrire des chansons sur des thèmes abordés tant de fois sans tomber pour autant dans le kitsch et le quétaine? «Il y a des mots que je ne mettrais jamais ensemble, comme “amour” et “toujours”. Je ne serais pas capable. J’ai des TOC!», avoue-t-elle en riant.
En fait, c’est qu’elle a un côté très méticuleux à l’écriture, et c’est un processus qui est de plus en plus peaufiné, d’album en album. «J’aime ça, chercher chaque mot dans le dictionnaire. Ça fait plein de secrets dans les textes.»
Exit les phrases compliquées où l’auteur place des mots recherchés que personne ne comprend. Ingrid St-Pierre préfère des textes à la simplicité bien calculée. D’ailleurs, pour une écoute optimale de son album, mieux vaut avoir le petit livret avec les paroles devant les yeux pour profiter pleinement de l’attention qu’elle porte à son vocabulaire, mais aussi pour y déceler les petites tranches de vie qu’elle y glisse.
«[Cet album] est synonyme de plein d’affaires super positives dans ma vie. C’est un peu un kilo de bonheur que j’ai eu envie de me donner à moi-même.» – Ingrid St-Pierre
«Les gens ne savent pas à quel point ce que j’écris est intime, explique la chanteuse. Quand je chante, c’est comme si je te racontais ma vie. En étant super authentique et super vraie; moi ça m’émeut beaucoup.»
Mais une chose la met en beau maudit, pour reprendre ses mots : «J’ai l’impression que ça se sent quand quelqu’un écrit une chanson triste dans le but de faire pleurer les gens. À la limite, ça me choque. C’est rire, c’est me manipuler. C’est un peu une insulte à mon intelligence émotive. Je dis non!» C’est pourquoi, quand elle écrit, Ingrid St-Pierre veut ressentir elle-même un frisson avant de vous livrer une chanson.
Alors, ne soyez pas surpris si vous versez une larme en écoutant, par exemple, La lumineuse (une lettre dédiée à son fils) ou L’enneigée, un doux poème au sujet de sa grand-maman. C’est parce que la chanteuse met ses propres émotions sur la table.
Celle qui manipule les mots avec beaucoup d’élégance se verrait-elle, dans un avenir plus ou moins lointain, publier un recueil de poésie, par exemple, ou un livre? «Je ne te cacherai pas que j’ai un projet d’écriture de livre», reconnaît-elle. Mais ce ne serait pas au détriment de sa carrière musicale. «J’adore les mots, j’adore la musique. Je trouve qu’il y a beaucoup de musique dans les mots. Je pense que je pourrais très bien toucher à ces deux mondes-là et que ça cohabiterait très bien dans ma vie.»