Culture

Jusqu’ici tout va bien: des mentalités à changer

Jusqu'ici tout va bien

Le réalisateur Mohamed Hamidi révèle un autre visage des cités dans Jusqu’ici tout va bien.

«Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien…» Il s’agit d’une des répliques les plus célèbres de La haine, probablement l’œuvre la plus emblématique sur la banlieue française. Une phrase qui devient le titre d’une nouvelle production, à la fois apparentée et très différente.

«Je trouve que la banlieue est traitée trop souvent de manière dramatique, raconte le cinéaste, rencontré dans le cadre des Rendez-vous d’Unifrance. Pensons à Divines, Chouf, Ma 6-t va crack-er. Ce ne sont que des films où on se tire dessus. Il n’y a pas de révolver dans mon film. Dans la cité où j’ai grandi, j’ai vraiment beaucoup plus ri et joué au foot que vu des révolvers.»

Le réalisateur et ses deux coscénaristes ont ainsi imaginé un feel good movie où le patron (Gilles Lellouche) d’une agence parisienne est obligé de déménager ses pénates en banlieue et d’embaucher localement.

Cette «terre inconnue» est propice à des situations loufoques et à des rencontres souvent inimaginables.

«Je vous assure que tout ce qui se passe dans le film existe, raconte le metteur en scène franco-algérien, qui a passé 45 ans de sa vie en banlieue. C’est très réaliste. Les personnages, je les connais. Parfois, c’est cliché; mais ce sont des clichés qui existent. La comédie, c’est forcément jouer avec les clichés. Il ne faut pas être mièvre ou mou avec un tel sujet. C’est pour ça qu’on est obligé de pousser les curseurs, de créer des personnages hauts en couleur.»

«C’est peut-être naïf, mais j’essaie de montrer qu’il y a finalement beaucoup plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous séparent.» Mohamed Hamidi, réalisateur de Jusqu’ici tout va bien

Comme les précédentes créations de son auteur (Né quelque part, La vache), ce long métrage met l’accent sur l’humour­, la solidarité et la nécessité­ de confronter ses préjugés. Pas tant pour masquer la réalité que pour entretenir l’espoir de jours meilleurs.

«Parce qu’il ne faut pas se leurrer, le taux de chômage est deux à trois fois plus important en banlieue qu’ailleurs en France, explique­ celui qui a longtemps été professeur d’économie et qui s’est beaucoup impliqué auprès des jeunes. On part avec un handicap social important. On est pénalisé. Surtout quand on vient d’un milieu populaire et qu’on a un nom, un prénom, voire une couleur qui n’est pas tout à fait facile.»

Les choses sont peu à peu en train de changer, avec l’émergence de stars comme Omar Sy et Jamel Debbouze.

«Mais ça ne change pas assez vite pour moi, admet Mohamed Hamidi. Ça change par les gens, mais pas par les structures. La France est un pays assez conservateur… Il faut aider les jeunes des cités à lutter contre leur propre autocensure, pour qu’ils y croient. Et actionner en même temps des leviers en face d’eux, dans des domaines rigides, pour qu’ils se fassent embaucher.»


Jusqu’ici tout va bien

À l’affiche vendredi

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