Plus de quatre ans après la sortie de son premier album et fort de son succès outre-mer, Flavien Berger traverse enfin l’Atlantique pour se présenter au public québécois.
Encensé par la critique et ses fans en Europe, l’artiste français au style si particulier est heureux de pouvoir découvrir un nouveau public francophone dans le cadre des Francos de Montréal.
Comment décririez-vous votre musique à ceux qui ne vous connaissent pas encore?
Chaque morceau à son propre univers; donc je décrirais ma musique comme une tentative de voyage, de raconter des histoires aussi, avec des formats plus ou moins pop, des instrumentations plus ou moins électroniques, une grande place à la voix – qu’elle raconte des choses ou pas – et des chansons d’amour.
Il paraît que tout a commencé avec une PlayStation…
Oui! En fait, j’ai commencé la musique avant même d’en faire. On peut dire que ma pratique a débuté au moment où j’ai commencé à l’enregistrer. Pour ça, j’ai eu besoin d’une station de travail numérique, et comme j’étais un peu jeune pour avoir un ordinateur, j’ai tout fait sur une console qui proposait un jeu vidéo de musique. Pour l’anecdote, j’enregistrais tout ça sur des cartes mémoire qui avaient un tiers du quart du tiers du quart de la capacité qu’ont nos clés USB aujourd’hui. Le data, c’est exponentiel… (Rires)
Maintenant,comme tout bricoleur de musique électronique, je crée mes propres chemins avec mes machines et mes outils. D’ailleurs,
j’utilise encore le premier synthé que je me suis acheté et je l’ai apporté jusqu’ici pour jouer avec ce soir.
Justement, à quoi peut s’attendre le public ce soir?
Pour moi, ça n’a pas de sens de retrouver en live une quelconque émotion qu’on peut avoir sur un disque. Ce n’est pas le même monde; c’est presque comme le jour et la nuit. Les morceaux de mes disques ne visent pas le live. Je n’essaie pas de faire ce que le public attend, mais ce qui a du sens pour moi au moment du live. Je joue beaucoup avec la rupture, le changement de structure, l’improvisation aussi. Tous les jours, on vit des choses différentes; alors ça n’a aucun sens pour moi de faire la même performance au fil des concerts. Je n’ai pas envie de passer à côté d’une intensité. C’est important de se nourrir de ce qui fait que le moment du concert est unique, dans un endroit particulier, avec des gens particuliers. Je ne dis jamais les mêmes choses entre deux chansons. Les concerts sont des moments de liberté pour moi. Je ne les prépare jamais trop à l’avance, et ce soir, il y aura la rencontre d’un nouveau public dans un nouveau pays. On verra comment cela se passe.
Vous allez vous produire avec Lydia Képinski ce soir aux Francos. Comment s’est passée votre rencontre?
On s’est rencontrés à Marseille, en France, et on s’est bien marrés à l’époque. On est restés en contact depuis ça. J’aime beaucoup son univers. Comme on partage l’affiche du Club Soda, elle m’a proposé de m’accompagner pour un morceau qui s’appelle À Rebours et que j’interprète avec Julia Lanoë sur mon dernier album Contre-Temps.
Vous allez donc découvrir Montréal et un nouveau public. À quoi vous attendez-vous?
Je n’aime pas m’attendre à quoi que ce soit, je fais vraiment confiance aux gens. Bien sûr, je n’arrive pas les mains dans les poches, parce qu’un concert, ça se prépare un minimum. Mais j’arrive avec la même énergie et la même volonté d’être moi-même au moment où je fais ma musique. Je travaille à Paris, mais j’habite à Bruxelles, donc j’aime beaucoup la francophonie. Ce sont des mondes parallèles. Je trouve ça génial. Je suis très sensible à la mélodie de la voix. Quand tu es musicien, tu fais attention aux gens qui parlent la même langue que toi, et aussi à leur manière de la chanter. Ça a quelque chose d’un peu ornithologique. Avant de venir ici à Montréal, tout le monde m’a dit : «Je me suis vu vivre à Montréal.» Et certains m’ont même dit : «Je me suis vu mourir à Montréal.» C’est donc un très beau compliment pour une ville que j’ai hâte de découvrir. S’il y a un coup de cœur, c’est sûr que je reviendrai.