Culture

L’heure de la sortie: les enfants terribles

L'heure de la sortie met notamment en vedette Laurent Lafitte (à l'extrême gauche).

La jeunesse se veut particulièrement menaçante dans L’heure de la sortie, un long métrage bien de son époque de Sébastien Marnier.

L’adolescence serait l’âge des possibles. Ce n’est pas nécessairement le cas de la classe d’un professeur suppléant (Laurent Lafitte), qui découvre avec stupéfaction des étudiants surdoués, fatalistes et nihilistes. Des élèves parfois extrémistes et houellebecquiens, qui pourraient presque sortir du Village des damnés.

«J’ai toujours eu envie de faire un film d’horreur sur les terreurs de l’adolescence et les terreurs que peuvent provoquer les adolescents sur les autres», explique son réalisateur, Sébastien Marnier, rencontré à Paris lors des Rendez-vous du cinéma français.

Au lieu de mordre dans la vie et l’avenir, ces êtres sans émotions découvrent l’état de la planète. C’est la fin des illusions, qui amène un pessimisme généralisé et des vidéos inquiétantes à la Michael Haneke, dénonçant le capitalisme et ses crises environnementales.

«Tout s’est fait avec les jeunes acteurs, se rappelle le cinéaste, qui a adapté le roman éponyme de Christophe Dufossé. Dès la distribution, on leur demandait la manière dont ils voyaient le monde aujourd’hui, où ils se projetaient dans 20 ans. La conscience et la peur de la déréglementation climatique étaient toujours dans leur top des angoisses.»

Prenant la forme du thriller environnemental (quelque part entre The Happening et First Reformed), le récit expose une terreur sombre et latente, en cumulant les plans lumineux de la nature, un peu comme le faisait récemment Midsommar.

Un climat surréel renforcé par une photographie colorée et chaude, à l’instar de cette température qui semble littéralement assommer les personnages.

Sébastien Marnier

«On est tous passés par là et on sait tous qu’on ne veut jamais revivre ce moment-là.» -Sébastien Marnier, réalisateur de L’heure de la sortie, en parlant de cette période souvent trouble qu’est l’adolescence.

 

 

 

 

«En écrivant, ma coscénariste (Élise Griffon) et moi avions en mémoire les grandes canicules en France, relate celui qui avait offert en 2016 le film Irréprochable. Cette chaleur étouffante et ce soleil omniprésent, alors que le thermomètre ne descend jamais en bas de 30 degrés Celsius… même la nuit.  Mais est-ce que ça va s’arrêter un jour?»

Le récit kafkaïen offre ainsi une expérience physique du ressenti, d’une rigueur minimaliste, qui flirte avec les suspenses paranoïaques de Roman Polanski et les ambiances tumultueuses de John Carpenter (hommage à l’appui du groupe musical Zombie Zombie). Une proposition singulière s’il en est une.

«J’aime empoisonner le film grand public par les codes du genre: ça provoque toujours des surprises, expose son metteur en scène. Grave a changé pas mal de choses en France et je suis admiratif des films Petit Paysan ou Jusqu’à la garde. Sauf qu’on a perdu le jeune public. On n’arrive plus à le faire revenir dans les salles. Je trouve que d’essayer de le réinviter à aller voir du cinéma français par le film de genre est quelque chose de vraiment intéressant.»

L’heure de la sortie

À l’affiche aujourd’hui

Le film sera projeté gratuitement dimanche à 21h au Village au Pied-du-Courant

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