Culture

«Joker» sort en salles sur fond de polémique

Joker, le célèbre adversaire de Batman.

L'acteur Joaquin Phoenix a livré à la Mostra de Venise une interprétation remarquée du Joker, le célèbre adversaire de Batman.

Lion d’or à la Mostra de Venise, le très attendu Joker de Todd Phillips sur les origines de l’ennemi juré de Batman avec Joaquin Phoenix, sort en salles sur fond de polémique aux États-Unis sur le fait qu’il puisse inciter à la violence.

Le film, sur les écrans vendredi aux États-Unis, a largement séduit la presse à Venise, notamment pour l’interprétation remarquée de Joaquin Phoenix – impressionnant et inquiétant à souhait dans ce rôle pour lequel il ne s’est pas économisé. Il explore les origines de l’emblématique figure du Joker à travers une histoire inédite, donnant une nouvelle approche au genre.

Il s’intéresse à Arthur Fleck, celui qui va devenir le Joker. Au début des années 1980 à Gotham City, Arthur est clown dans la rue ou à l’hôpital, rêvant d’une carrière de comédien de stand-up, fasciné par l’émission de télévision d’un célèbre animateur incarné par Robert De Niro.

Vivant seul avec sa mère, il est atteint de troubles qui le font régulièrement éclater d’un rire douloureux. A la suite d’une série de revers – perdant à la fois son travail et son suivi médical, agressé à plusieurs reprises, faisant des découvertes sur son passé – cet homme malmené par la société va peu à peu basculer dans la folie pour devenir le Joker, personnage machiavélique et violent.

Couronné par la plus haute récompense à Venise, Joker a cependant rapidement suscité une polémique aux États-Unis, avant même sa sortie.

Certains redoutent que le film puisse inciter à la violence, mettant en cause l’empathie dont fait preuve Todd Phillips à l’égard de son héros.

Signe de cette tension, la police de Los Angeles a annoncé vendredi qu’elle allait augmenter sa présence autour des cinémas qui vont projeter le film, alors que la controverse fait craindre à certains la possibilité d’actes de violence.

«Pas de méchant»

Des familles de victimes de la fusillade d’Aurora (Colorado) en 2012, lors de laquelle un jeune homme de 24 ans avait ouvert le feu durant la projection de The Dark Knight Rises, ont publié la semaine dernière une lettre ouverte adressée au studio Warner, regrettant un film qui «présente ce personnage et son histoire avec de la compassion».

Warner a répondu, en affirmant que «ni le personnage fictionnel du Joker ni le film ne (soutenaient) en aucune façon la violence réelle» et qu’il n’était «pas dans les intentions du film» de «présenter ce personnage comme un héros».

Todd Phillips est lui aussi monté au créneau. «Pour moi, le film n’évoque pas la violence aveugle», a déclaré le réalisateur lors d’une rencontre avec quelques journalistes à Paris la semaine dernière, soulignant qu’Arthur «n’est pas l’auteur de tueries de masse».

«Toutes les personnes que Joker tue dans ce film sont des gens qui, dans son esprit, lui ont fait du tort. Il ne tue pas au hasard», a-t-il ajouté.

Le réalisateur a encore estimé que sans doute «les gens avaient été un peu surpris par l’approche choisie», de présenter Joker au départ comme un homme malade.

«En général, dans les films de super-héros, et même dans les films en général, il y a le méchant et le gentil, les choses sont très claires. Et dans notre film, le gentil devient le méchant. Il n’y a pas de méchant. Il est les deux», a-t-il poursuivi. «Je ne suis pas étonné que les gens ne soient pas vraiment prêts pour ça».

Joaquin Phoenix, qui avait quitté une interview avec le quotidien anglais The Telegraph après une question sur la polémique, a, lui, préféré mettre l’accent sur son personnage, dont il s’est approprié le rire maléfique à l’issue d’un long travail.

«J’aime les défis», a-t-il dit. «Pour moi, l’idée de faire une comédie romantique aux Bahamas m’apparaît comme le pire truc qui ait jamais existé!».

Articles récents du même sujet

Exit mobile version