Les Montréalais de TEKE::TEKE seront en spectacle à L’Esco jeudi et sortiront Kala Kala, premier extrait de leur premier album complet, ce vendredi. Métro a profité de l’occasion pour discuter avec une partie du groupe.
Voir TEKE::TEKE sur scène, c’est tomber amoureux de leur univers: un joyeux mélange de sept musiciens hauts en couleur, du surf rock psychédélique chanté en japonais et une énergie extraordinaire partagée avec le public. Après avoir vu leur prestation à Osheaga l’été dernier, Métro a voulu en apprendre plus sur cet intrigant groupe bien d’ici. Rencontre avec Serge Nakauchi Pelletier, guitariste cofondateur de TEKE::TEKE, et Hidetaka Yoneyama, à la guitare rythmique et noise.
Quelle est l’origine de TEKE::TEKE?
Serge Nakauchi Pelletier: Nous sommes encore un jeune groupe. Tout a commencé il y a un peu plus de deux ans et demi maintenant avec notre premier show hommage au guitariste japonais des années 1960 Takeshi Terauchi. Nous étions six à reprendre son répertoire instrumental simplement pour le plaisir. Finalement, il y a rapidement eu un deuxième concert..
Hidetaka Yoneyama: C’est à ce moment que nous avons invité notre chanteuse Maya Kuroki à nous rejoindre sur scène pour trois chansons. La chimie était tellement parfaite avec Maya qu’elle est devenue membre à part entière du groupe dès notre troisième spectacle. Au début, nous voulions, avec nos reprises, partager et transmettre tout l’esprit de l’eleki, surf rock psychédélique de l’époque au Japon. Cela dit, nous les passions toujours à travers notre propre filtre, empreint de notre énergie shoegaze et punk, en y ajoutant des instruments comme la flûte et le trombone.
«TEKE::TEKE est une onomatopée du riff de guitare surf, comme ce qu’on entend chez Tarantino, mais également une insulte envers les surfeurs qui ne font pas de surf au Japon, comme nous!» – Hidetaka Yoneyama, musicien de TEKE::TEKE, avec beaucoup d’autodérision
Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre musique? Vos textes sont en japonais, mais vous êtes bel et bien un groupe montréalais…
H. Y. : Aujourd’hui, nous composons nos morceaux, mais l’influence de Takeshi Terauchi et de sa génération nous marque encore. Il y aurait un manque de spontanéité et de créativité si nos paroles n’étaient pas en japonais. Nous sommes tous les sept québécois, avec nos origines différentes (japonaise, russe, ukrainienne), et notre musique est montréalaise. Je pense que nous sommes un groupe de rock expérimental local, bien au-delà du surf rock japonais.
S. N.-P. : Même s’il y a un peu de français sur notre album, Maya Kuroki écrit et chante en japonais, tout simplement parce que c’est sa langue maternelle. La poésie japonaise, ses nuances et ses subtilités sont difficiles à traduire. Nous n’avons pas vraiment de statement, mais nous sommes beaucoup plus qu’un groupe japonais. En 2020, c’est important de ne pas seulement être un band rétro, mais de faire de la musique moderne. Notre premier EP était comme un documentaire en noir et blanc, mais notre disque, qui est à 100% original, est une fiction de couleur contemporaine, si je peux me permettre cette métaphore.
Que racontent vos chansons, et plus spécifiquement Kala Kala, qui sort vendredi?
S. N.-P. : Nous voulons traduire les paroles de notre album pour que les gens puissent comprendre; c’est important pour notre public. L’imaginaire de Maya est fou, très imagé, psychédélique, et aborde des thématiques d’identité, de masculinité, de féminité, de conscience, d’inconscience, de spiritualité, de renaissance. C’est toujours très personnel et ça parle de son passé, entre autres choses.
H. Y. : Effectivement, le questionnement est très complexe, très sombre aussi, mais en fin de compte, il est toujours positif. Pour ce qui est de Kala Kala, il s’agit d’une onomatopée. C’est un peu compliqué à décrire, mais on peut dire que c’est comparable au bruit d’un glaçon dans un verre vide. La chanson parle notamment de la matière qui existe, ou justement, qui n’existe pas.
Vos concerts, comme celui d’Osheaga, sont pourtant très lumineux et audacieux…
S. N.-P. : Il y a beaucoup d’amour et de fun dans TEKE::TEKE. C’est pour ça qu’on a décidé de continuer et que ça marche si bien sur scène, j’imagine. On est un groupe de vieux, donc on a peut-être aussi l’expérience et la maturité qu’il faut.
En vous écoutant, en vous voyant sur scène, impossible de ne pas penser à l’univers du cinéaste Quentin Tarantino. Comment expliquez-vous cela?
H. Y. : On nous le dit souvent, oui! Tarantino utilise pour ses films des morceaux assez classiques d’une certaine époque au Japon, celle des années 1960-1970. Comme nous, il aime beaucoup cette ambiance. On peut le voir dans Kill Bill, par exemple, où sa fascination pour l’actrice et chanteuse japonaise Meiko Kaji est évidente.