Manu Dibango, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz, est décédé en France des suites du coronavirus à l’âge de 86 ans, a indiqué mardi à l’AFP Thierry Durepaire, gérant des éditions musicales de l’artiste.
L’artiste est la première célébrité mondiale à décéder des suites du virus. «Il est décédé au petit matin, dans un hôpital de la région parisienne», a dit M. Durepaire à l’AFP.
En plus de fans endeuillés, l’artiste laisse derrière lui un large répertoire musical. Né au début des années 1930 au Cameroun, c’est dans les années 1970 que Manu Dibango, connu au civil sous le nom d’Emmanuel Dibango N’Djocké va donner naissance au morceau qui connaitra un succès planétaire et le poursuivra à vie, Soul Makossa.
Reconnu après des tournées européennes et africaines et après avoir accompagné les plus grands comme Nino Ferrer, il se tourne vers les autorités de son pays pour le financement d’un 45-tours. Celui-ci supportera l’équipe nationale de football, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations qui se tient alors au Cameroun. C’est l’échec. Autant pour le single que pour l’équipe de foot éliminée dès le début de la compétition. Et personne ne parle de la face B du disque, Soul Makossa.
Manu Dibango, du Cameroun aux États-Unis
Mais magie de la musique, le titre va voyager, et devenir un hit aux États-Unis et sur le vieux continent. Direction Madison Square Garden de New York, où Dibango fréquente les stars de la soul music américaine peut-on lire sur Universalis.fr. Le site encyclopédique qualifie le morceau d’afro-beat avant l’heure, un terme inventé par le Nigérian Fela Kuti.
L’histoire de ce hit ne s’arrêtera pas là. Quelques années plus tard, le célèbre musicien touche le gros lot en gagnant un procès intenté à Michael Jackson pour avoir plagié les notes de Soul Makossa sur Wanna be startin’ something, chanson de son célèbre album Thriller, rapporte l’AFP en 2014, alors que l’artiste fêtait ses 80 ans.
Affaire qui s’était envenimée, quand Jackson avait autorisé Rihanna a utilisé le titre sur un de ses tubes planétaires Please, Don’t Stop The Music.
On retrouvera aussi le morceau samplé sur Déjà Vu, interprété par Beyoncé et Jay-Z.
L’année dernière Manu Dibango avait célébré ses 60 ans de carrière au Grand Rex à Paris. Il avait également participé au festival Nuits d’Afrique en 2016 avec un concert au Théâtre Fairmount.
«Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible», peut-on lire sur la page Facebook de l’artiste, tenue par son entourage.