Bienveillance, empathie, douceur et humour (gracieuseté de Marc Labrèche) étaient au menu de l’émission spéciale Une chance qu’on s’a, présentée à TVA et à Télé-Québec dimanche soir.
L’équipe de Productions Déferlantes avait la mission de créer une émission québécoise rassembleuse, à l’image des événements One World Together At Home et Stronger Together/Tous ensemble qui ont eu lieu dans les dernières semaines.
Ici encore, l’objectif était de célébrer la solidarité dans la lutte contre la COVID-19. L’événement visait aussi à recueillir des dons pour les organismes Les Petits Frères et SOS violence conjugale, qui apportent du soutien aux personnes vulnérables. On peut toujours donner sur unechancequonsa.quebec.
Contrairement à la formule chacun-chez-soi-filmé-avec-les-moyens-du-bord des autres événements, Une chance qu’on s’a a porté une attention particulière à sa facture visuelle. L’animation et la plupart des performances musicales ont ainsi été tournées en studio, dans le respect des règles de distanciation sociale.
Les artistes se produisant à l’extérieur ainsi que d’autres segments ont aussi été filmés par des professionnels. Comme quoi, on peut produire de la télé de qualité malgré les contraintes actuelles.
Autre point en faveur d’Une chance qu’on s’a: la suite dans les idées entre les différents segments de l’émission. Par exemple, après que Marc Labrèche eut lancé à la blague:
«Vive les arts, et pourquoi pas, vive l’agriculture!» la chef Colombe St-Pierre a parlé d’alimentation, avant d’introduire la performance de J’ai mangé trop de patates frites de Bleu Jeans Bleu.
Plus de 80 personnalités ont participé à ce rassemblement de 90 minutes, dont une majorité d’artistes. Le premier ministre François Legault leur a d’ailleurs dédié ses «remerciements du soir»: «Merci de continuer à nous faire rêver, merci de mettre de la beauté dans nos vies.»
Une chance qu’on s’a, pour tous les goûts
On craignait une surdose de ballades au rayon musical. Heureusement, une variété de styles a été mise de l’avant. Du côté de la pop vitaminée, on a eu droit à Sunshine de SOMMM, nouveau projet d’Ariane Moffatt et d’Étienne Dupuis-Cloutier, question de faire danser les finissants du secondaire qui n’auront pas de bal.
On a aussi pu bouger sur Ej feel zoo de Radio Radio, chanté en clin d’œil aux parents de famille nombreuse, et sur Cinq à sept de Koriass, qui a rappé son tube dans les rues de Québec.
«Moi d’ordinaire, j’ai l’air de Maripier Morin, mais j’ai dû faire avec les moyens du bord.» Marc Labrèche, un des six animateurs de la soirée au sujet du fait que les artistes doivent se coiffer et se maquiller eux-mêmes pour la télévision.
Au rayon de la douceur, on se souviendra de la touchante performance de Marie-Pierre Arthur et de Charlotte Cardin pour souligner la fête des Mères, qui avait lieu hier. Leur medley a été précédé d’un sympathique segment dans lequel Guylaine Tremblay, Dave Morissette et Kim Thúy ont offert des fleurs à des mères en confinement.
Parmi les autres interprétations émouvantes, on note celle de Claude Dubois qui a dédié Besoin pour vivre aux travailleurs de la santé et celle des Sœurs Boulay, qui ont chanté en plein air la très à propos Je rêve.
De grands artistes nous ont gratifiés de leur présence pour ce rassemblement télévisuel. Parmi eux, le monument Gilles Vigneault, qui a chanté Gens du pays en duo avec Fred Pellerin, et la grande Ginette Reno, qui a présenté l’inédite Ça va bien aller devant sa porte d’entrée.
Rires et larmes
On peut remercier Marc Labrèche pour la dose d’humour qu’il a insufflée à cette soirée empreinte de bons sentiments, notamment en parlant de coiffure et de maquillage en ces temps où les artistes ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
Son coanimateur Guildor Roy lui a d’ailleurs chanté le hit des Appendices: Courts su’l top et longs en arrière, entrecoupé de rigolos extraits vidéo de gens se faisant des coupes de cheveux maison.
Si on a ri à quelques reprises, on s’est aussi souvent retrouvé au bord des larmes. C’était le cas lors de la lecture du magnifique conte, le bien nommé La grève des câlins, écrit par Simon Boulerice.
Les larmes ont ressurgi quelques minutes plus tard lors de touchants témoignages de familles qui ont perdu des proches, victimes de la COVID-19.
Le clou de la soirée était prévisible, mais incontournable: il fallait bien chanter le succès de Jean-Pierre Ferland qui prêtait son nom à cette émission spéciale. Cette interprétation de groupe a été présentée par Céline Dion, qui a eu le mot de la fin: «À vous regarder aller, je n’ai jamais été aussi fière d’être Québécoise. Une chance qu’on vous a. Une chance qu’on s’a.»