Votre famille est toujours avec vous, jusqu’au jour où vous mourez – ou, dans le dernier film de Roger Michell, jusqu’au jour où vous prévoyez de mourir. Blackbird suit une matriarche, Lili (Susan Sarandon) qui, souffrant de la maladie de Charcot, a décidé de mettre fin à ses jours.
Avant cela, elle souhaite que sa famille se rassemble pour un week-end, avant de passer à l’acte d’euthanisie. La famille a déjà son lot de problèmes, sans compter la mort imminente de Lili. Ses fêlures et ses défauts ne cessent d’ailleurs de ressortir durant tout le film.
Les sœurs de Lili, Jennifer (Kate Winslet) et Anna (Mia Masikowska) ont leur propre manière de digérer la situation. Il y a aussi le mari très conventionnel de Jennifer (Rainn Wilson), un fils quelque peu troublé (Anson Boon) et un père médecin stoïque (Sam Neil). Viennent s’ajouter à ce mélange déjà très intéressant, la petite amie d’Anna (Bex Taylor-Klaus) et cette amie un peu trop proche de la famille (Lindsay Duncan).
Bien que la mort soit au cœur du film, il met en scène le rire, même dans les moments les plus tristes. Et montre comment les dynamiques familiales peuvent être explorées lorsque tous les membres sont réunis sous un même toit, pendant plusieurs jours.
Roger Mitchell s’est assis avec Métro pour discuter davantage de la façon dont Blackbird, bien que parlant de la mort, en apprend encore plus sur la vie.
À la lecture du scénario, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans sa réalisation?
Ce n’était pas tant parce que c’est un film sur l’euthanasie, un sujet qui ne m’intéresse pas forcément – même si je suis devenu plus intéressé ensuite. Le scénario m’a attiré parce que c’est une brillante étude anatomique d’une famille. Et l’histoire de l’euthanasie est un moyen de voir les dessous de cette famille, au cours de ce week-end.
J’ai aimé le fait que l’histoire se déroule sur trois jours dans une maison avec huit acteurs et toute la discipline que cela demande. Elle m’a un peu rappelé un polar d’Agatha Christie où huit personnes sont enfermées dans une maison perdue et quelqu’un se fait tuer. Eh bien là, c’est la même chose. Ces huit personnages sont en quelque sorte enfermés dans une maison au beau milieu de nulle part et on pense que l’un d’entre eux va mourir. C’est intrigant.
Vous mentionnez avoir aimé les défis que représentent le film, quels sont-ils?
Vous devez le maintenir en vie et vous devez capter l’intérêt du public de différentes manières. C’est plus que couper soudainement des scènes, de filmer des courses-poursuites ou un saut d’un avion avec ou sans parachute. Vous devez maintenir l’intérêt du public de différentes manières. Cela dépend de la manière dont vous filmez, dont il est joué et de la manière dont les petites explosions dans l’histoire sont déclenchées. Les scènes sont chronométrées soigneusement pour maintenir votre intérêt, car il y a beaucoup de révélations vraiment intéressantes dans cette histoire, qui, à mon avis, tiennent en haleine.
Comment s’est déroulé le casting?
La première personne qui est montée à bord était Kate Winslet, qui est une très bonne personne en tant que première membre du casting. Elle est adorable et rassembleuse, tout le monde veut travailler avec Kate. Ensuite, on a dû constituer une famille qui pourrait à peu près être génétiquement reliée. Ils ne se ressemblent pas vraiment, mais vous devez croire qu’ils sont une famille : une mère, une matriarche, un père, deux filles et un petit fils. J’ai été tellement étonné d’avoir un casting aussi incroyable, c’est assez extraordinaire, et il en a besoin car c’est d’abord un film d’acteurs. C’est en travaillant avec les acteurs, dans les petits détails et avec beaucoup de spontanéité et d’humour que vous adhérez à la véracité de l’histoire. C’est un sujet sombre, mais teinté de blagues et de surprises amusantes, et le spectateur en a besoin.
Pourquoi le mélange drame/comédie fonctionne-t-il si bien?
Je pense que c’est parce que la vie est comme ça. Les gens, même dans les moments les plus horribles de leur vie, rient. C’est ça être en vie et être humain. Même sur son lit de mort, littéralement sur son lit de mort, Lili fait une petite blague : «Ne me laissez pas mourir avec la bouche ouverte.» Si beau que sa fille pleure et rit en même temps. Hey, j’espère moi-même faire une blague sur mon lit de mort – je pourrais même utiliser celle-ci en fait.
«Les gens, même dans les moments les plus horribles de leur vie, rient. C’est ça être en vie et être humain.» -Roger Michell, réalisateur.
Dans les scènes d’émotion comme celle-ci, comment faites-vous pour que les acteurs se sentent suffisamment à l’aise pour se laisser aller?
Pour commencer, je répète toujours dans une petite pièce avant de filmer. C’est un énorme avantage, cela donne confiance aux acteurs et établit en quelque sorte une feuille de route vers où nous espérons qu’ils aillent émotionnellement parlant. Je ne m’attends pas à ce que les acteurs dans la pièce soient émotifs, mais j’espère qu’il y ait un instant où l’on s’entend sur l’émotion que la scène doit atteindre.
D’ailleurs, j’ai pu tourner le film dans l’ordre de l’histoire, je n’avais jamais eu cette opportunité auparavant. Vous commencez au début de l’histoire et vous la filmez plus ou moins dans l’ordre dans lequel les événements se déroulent dans le scénario. C’est normalement impossible en raison de la disponibilité des lieux, des acteurs, etc. C’était donc une très bonne occasion de laisser lentement les acteurs entrer dans l’esprit de l’histoire, avant les scènes tristes dans le dernier tiers du film. Et puis, c’est votre travail en tant que réalisateur de faire en sorte que les acteurs se sentent à l’aise, soutenus et aptes à bien jouer.
Il y a beaucoup de différentes dynamiques familiales abordées dans le film, quelle est celle qui vous a marqué?
Les histoires entre sœurs sont éternelles, nous l’avons vu dans des films, dans l’œuvre de Shakespeare par exemple. Je pense que pour plusieurs raisons, la relation compliquée entre la sœur aînée et sa cadette est presque un archétype, mais ils l’ont fait avec une telle délicatesse. Au début, elles essaient vraiment de se ménager, de ne pas appuyer là où ça fait mal. Mais, cela devient impossible. Leur réconciliation en est que plus belle à la fin du film.
Qu’espérez-vous que les gens retiennent du film après l’avoir regardé?
Oh mon Dieu, eh bien je pense qu’il faut retenir que la vie est belle. La vie est vraiment belle et il faut la vivre en faisant attention à soi. C’est le genre de message simple du film. Le film n’essaie pas de plaider pour la légalisation de l’euthanasie ou quoi que ce soit de ce genre. Le film commence après que la famille a déjà eu un débat sur la question de savoir si elle doit ou ne doit pas faire ce qu’elle fait. Ici, il ne s’agit pas vraiment de ça. Il s’agit de vivre l’instant présent. Donc, c’est un film sur la vie plus que sur la mort.
Blackbird est offert sur les plateformes de films à la demande.