La plus grande production jamais filmée dans l’espace en réalité virtuelle est québécoise. Tournée en 3D à 360 degrés à bord d’une station spatiale internationale, cette série immersive présente le quotidien d’astronautes dans l’espace. Littéralement comme si on y était.
Muni d’un casque de réalité virtuelle, l’utilisateur peut ainsi se déplacer à l’intérieur de la station spatiale. Les astronautes évoluent tout autour de lui, et peuvent même lui parler.
«L’idée était d’amener le spectateur à l’intérieur de la station. La caméra, c’est le spectateur», explique le réalisateur Félix Lajeunesse, co-fondateur du studio Felix & Paul qui se spécialise dans le divertissement immersif.
Le premier épisode de la série Space Explorers: The ISS Experience s’intéresse ainsi au quotidien de l’astronaute québécois David Saint-Jacques. C’est le studio qui s’occupait d’envoyer ses directives de tournage à la NASA, qui, à son tour les relayait à l’astronaute.
«Je me suis toujours dit que l’on manquait d’une vision réaliste de c’est quoi la vie à bord», a déclaré M. Saint-Jacques sur le plateau de TLMEP, dimanche.
«C’était fantastique d’avoir un outil comme ça, car on a toujours envie comme astronaute de partager cette expérience extraordinaire. Car tu ne peux pas garder ça pour toi.», poursuit-il.
L’astronaute se souvient encore du moment où il a déballé la caméra, envoyée par vaisseau cargo début 2019.
«C’était comme mon bébé. Je voulais que ça marche. On était les caméramans mais on s’occupait aussi du son, de l’éclairage, du scénario. Il fallait se confier un peu aussi. La caméra c’était comme si tu parlais à quelqu’un.» -David Saint-Jacques
2020, la réalité virtuelle de l’espace
Au total, le tournage s’est étalé sur deux ans. Le réalisateur a compilé quelque 200 heures de matériel vidéo au sein d’une station spatiale dont la surface habitable équivaut à quatre ou cinq autobus scolaires en forme de F, explique l’astronaute Saint-Jacques.
Le tournage en apesanteur a permis d’obtenir beaucoup plus de perspectives et d’angles différents qu’un tournage sur la terre ferme. Et donc des possibilités «incroyables» au niveau cinématographique, explique Félix Lajeunesse.
«Dans l’espace, il n’y a pas de sol mais quatre murs. Tu peux placer ta caméra dans diverses orientations, et selon l’orientation tu es dans un environnement qui a l’air complètement différent.»
Pour le réalisateur, ce qui ressort le plus de ses images, c’est le côté poète et philosophe des astronautes.
«Quand ils parlent de leur expérience, que ce soit celle de voir la Terre à partir de l’espace ou du sens de l’exploration spatiale, leurs propos sont hyper forts et inspirants. Ça fait du bien d’avoir la perspective d’un astronaute sur le monde dans lequel on vit.» -Félix Lajeunesse
Du côté de l’astronaute, l’émotion était de voir ses proches découvrir les images.
«Je leur en avais parlé souvent, ils s’étaient fait une idée. Mais c’est un pas de plus d’être si proche», dit-il.
Pour autant, ce sont des ingénieurs, des gestionnaires, et des gens qui ont consacré leur vie à fabriquer cette station, mais qui ne l’ont jamais vue, qui ont été le plus touchés par l’expérience.
Vers l’infini, et plus loin encore
Le 5 octobre dernier, une autre caméra a été livrée par fusée cargo sur la station spatiale. Celle-ci va être déployée l’année prochaine pour filmer, cette fois, deux astronautes qui travaillent à l’extérieur de la station spatiale.
Mais aussi des plans de la Terre en réalité virtuelle, une chose qui n’a jamais été faite, comme l’indique Félix Lajeunesse.
«Cette caméra peut aller dans l’environnement le plus hostile possible, c’est-à-dire le vacuum de l’espace, là où il n’y a aucune pression. Elle va être attachée au bras canadien, qu’on va utiliser comme une grue cinématographique pour bouger autour de la station.» -Félix Lajeunesse
En attendant, le premier épisode de cette série de l’espace est déjà disponible sur les plateformes de réalité virtuelle Oculus. La série va également être diffusée dans les planétariums, dont celui de Montréal.
Tout ce contenu fera ensuite le tour du monde au sein d’une exposition interactive itinérante co-produite avec Phi studio.
Notons que le studio Felix & Paul a financé le projet, avec le support de ses investisseurs. Parmi eux, la Caisse de dépôt, le Centre Phi, Investissement Québec, et Time.