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Culture

Philippe B: échantillons de fantômes

Jessica Émond-Ferrat - Métro

Même si la thématique de Variations fantômes pourrait laisser croire le contraire, Philippe B se considère comme un néophyte en matière de musique classique. «Un survol de l’histoire dans le cadre d’un DEC en musique populaire, c’est à peu près tout ce que j’avais comme connaissances», avoue mo­destement celui qui s’est aussi fait connaître pour son travail avec Pierre Lapointe. Ce manque d’expertise ne l’a pas empêché de se laisser inspirer par les «fantômes» de compositeurs comme Satie (Reprise), Schubert (California Girl, Croix de chemin) ou Vivaldi (L’amour est un fantôme), dont il a intégré des extraits de mélodie dans ses propres chansons.

L’échantillonnage de musique classique n’est pas un processus nouveau pour Philippe B – il l’avait utilisé notamment dans les chansons Philadelphie et Les prisonniers du lac Dufault, sur son album éponyme. «C’est une conversation avec un violoniste classique qui m’a donné l’idée d’en faire le concept de mon troisième opus. Il venait de découvrir mes disques et trouvait cet aspect de mon Å“uvre particulièrement intéressante», explique le musicien, qui ajoute que ce genre de cadre de travail l’inspire : «J’aurais pu juste écrire 10 chansons et les mettre une à la suite de l’autre, mais ça ne me tentait pas… ça ne me drivait pas. Cette contrainte-là m’a servi de stimulant pour me sortir de la page blanche.»

C’est un album plutôt mélancolique que propose le chanteur. Une mélancolie inévitable, croit-il, étant don­né que les artistes de l’époque romantique ne faisaient généralement pas dans le «hop-la-vie». «Comme je voulais que les textes aient un lien avec les extraits musicaux, ça a restreint ma re­cherche de matériel, raconte-t-il. J’avais besoin qu’un élément, le titre, par exemple, m’inspire.» L’artiste s’est donc concentré sur la période baroque et a dû éliminer certains compositeurs, dont Bach, notamment parce que sa musique était trop difficile à échantillonner, «mais aussi parce que des titres comme Étude no12 en do majeur, ça n’inspire pas grand-chose!»

La couleur mélancolique qu’allait avoir l’ensemble s’est donc précisée assez rapidement dans le processus de création, mais Philippe B ne voulait pas que son disque «fasse 19e siècle» – quelques chansons, dont Marie, échappent d’ailleurs complètement à la contrainte qu’il s’était donnée. Il souhaitait plutôt créer un effet hors du temps en mêlant les échantillons à sa pop folk et à des textes à saveur moderne. «À chaque nouvelle pièce, je me disais : « Bon, OK, qu’est-ce que ça veut dire, pour moi, aujourd’hui? », se souvient-il. De façon générale, je me rends compte que ce qui est le plus universel, ce qui rejoint le plus les gens, c’est ce qui est vrai pour l’auteur. Donc, les textes sont basés sur ce que j’ai vécu durant les deux années où j’ai
travaillé là-dessus. Et c’est comme si les compositeurs m’avaient permis de trouver de nouvelles façons de dire les choses.»

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