Les journalistes de Métro vous livrent leurs sept coups de cœur culturels de la semaine dont l’album Godspeed: Elevated de Naya Ali, le film Satantango, la série Le 11 septembre et moi et d’autres.
Godspeed: Elevated de Naya Ali
Le hip-hop de Naya Ali est tout simplement majestueux. Et l’héritier de Godspeed: Baptism (Prelude), première partie parue en mars 2020, éblouit. Les huit titres du dernier album, à la fois sombres et grandioses, sont la preuve, justement, que la rappeuse n’a plus rien à prouver à qui que ce soit. Celle-ci se livre sans concessions sur le chemin parcouru – et les écueils évités – jusqu’à son ascension fulgurante. Considérée par plusieurs comme la meilleure de la scène anglophone, Naya Ali laisse rarement indifférent tant sa musique est d’une justesse tapageuse. Difficile de dire quel titre se démarque de cet ensemble saisissant, De notre côté, on a un faible pour Air Ali et King.
Amélie Revert
Satantango
Voir le chef d’œuvre de Béla Tarr au cinéma est une expérience renversante. Pendant sept heures, le public est captif de cette magnifique fresque en noir et blanc où se cristallise une horde de destins au fil d’un récit mystérieux. Une odyssée austère et essentielle sur la nature humaine où rien n’est laissé au hasard. La multiplication des plans-séquences renvoie au monde des songes, transformant à jamais l’existence du spectateur qui devient, à la sortie de la salle, un cinéphile bien différent.
Le 5 septembre au Cinéma Moderne
Martin Gignac
Le 11 septembre et moi
Nicolas Ouellet donne la parole à six artistes, six Québécois d’origine arabe qui, s’ils n’ont pas été victimes directes, ont tout de même vu leur vie bouleversée par les attentats. Que ce soit en raison du racisme, de la perte d’identité ou des peurs, le traumatisme (et ses conséquences) ont influencé leurs arts comme réponse. À tour de rôle, Rahmane Belkebiche, Mehdi Bousaidan, Chafiik, Safia Nolin, Elkahna Talbi et Ines Talbi se livrent dans cette catharsis artistique et humaine qui raconte leur 11 septembre.
Sur Télé-Québec
Martin Nolibé
La première exposition de Tartelette
Projet collectif et solidaire qui a vu le jour il y a un an et demi pendant la pandémie, Tartelette se lance à la rencontre de son public. MaBrasserie, cette coopérative brassicole qui mise elle aussi sur la solidarité, accueillera ainsi en ses murs les photographies, illustrations et broderies de cette belle bande d’artistes visuels composée d’Alice (une ancienne de Métro!), d’Arthur, de Camille, d’Émilie et de Hélène jusqu’à la fin de l’année.
Vernissage le 9 septembre
Amélie Revert
Contre-courant
Vite, il ne reste que deux concerts! Après Beyries ou Klô Pelgag au Parc régional Kiamika le mois passé, l’expérience de Contre-courant se conclut au parc Jean-Drapeau. Mercredi et jeudi, Ariane Moffatt et Safia Nolin ont donné un avant-goût d’une fin de semaine qui promet de faire des vagues. Avec Dan Mangan et Clerel samedi, mais aussi avec Magi Merlin et Lido Pimienta qu’on a particulièrement hâte de voir sur scène ce soir pour son excellent Miss Colombia.
Jusqu’au 4 septembre
Amélie Revert
Au couchant de la terre promise
«L’idée me vient de vous serrer dans mes mots», écrit magnifiquement Jean Sioui dans ce saisissant recueil dédié aux enfants de Joyce Echaquan. Dans cet émouvant cri du cœur, le poète wendat sublime ses mots en une puissante arme, revendiquant la justice et l’égalité, dénonçant les bavures et les préjugés et retraçant les épreuves d’hier et d’aujourd’hui, comme la pandémie, la mort de Joyce et la colonisation. Une prise de parole salutaire d’une grande beauté.
Aux Éditions Mémoire d’encrier
Marie-Lise Rousseau
Malmkrog
Le style unique et radical du Roumain Cristi Puiu est poussé à son paroxysme avec ce huis clos exigeant de plus de trois heures où cinq individus déblatèrent sur Dieu, la mort, la guerre et la morale. Il est question d’Histoire et des fantômes du Temps, mais surtout d’un magistral procédé cinématographique où la profondeur des champs altère constamment la vision, avec cette succession de longs plans fixes d’une grande beauté picturale.
Le 5 septembre à la Casa d’Italia avec le Cinéma Public
Martin Gignac
Et on se désole pour
Le décès de Lee «Scratch» Perry
Véritable précurseur qui a régné en maître sur le reggae et le dub, Lee «Scratch» Perry était aussi celui qui a permis l’envolée de Bob Marley et des Wailers. Le producteur est mort dimanche dernier à l’âge de 85 ans. Homme de studio, on a pu retrouver la folie créatrice et les expérimentations de ce «sorcier du reggae» chez de nombreux artistes. Il avait notamment gagné un Grammy pour son album Jamaican E.T. en 2003.
Martin Nolibé