Les journalistes de Métro vous livrent leurs sept coups de cœur culturels de la semaine, dont la série documentaire T’as juste à porter plainte, et le spectacle de danse La probabilité du néant.
Cinéma
Bootlegger
Pour son premier long métrage, Caroline Monnet s’attaque à des thèmes délicats: l’identité des peuples autochtones, l’autodétermination et les problèmes d’alcool dans les communautés. Alors que Mani (Kawennáhere Devery Jacobs), étudiante en droit, revient parmi les siens après des années d’absence, un débat fait rage sur la prohibition. En plus d’avoir tourné un film nuancé, illustrant superbement toute la complexité et les zones grises de ces enjeux, la cinéaste aux origines anishinaabemowin et française fait briller à l’écran Samian, Pascale Bussières et Joséphine Bacon. Celle qu’on connaît d’abord comme artiste visuelle agrémente son film de magnifiques et évocateurs plans de paysages hivernaux. trompeuses, ils incarnent un puissant duo mère-fils.
En salle.
Recommandé par Marie-Lise Rousseau
Performance
La Goddam Voie Lactée
Quelque part entre danse, théâtre et concert, ce spectacle pensé et mis en scène par Mélanie Demers se vit comme une plaidoirie brillamment féministe. Pendant plus d’une heure, les cinq interprètes exploitent chaque particule de leur être pour livrer un récit à la fois violent et absurde, terrifiant et puissant, chaotique et raffiné. Le rouge et le noir s’y mêlent pour faire ressortir à coups de grands écarts (métaphoriques ou pas) l’animalité de nos existences, où persona et artifices ne sont plus admis.trompeuses, ils incarnent un puissant duo mère-fils.
À l’Agora de la danse jusqu’au 9 octobre
Recommandé par Amélie Revert
Série documentaire
T’as juste à porter plainte
«Il faut que la honte change de camp.» Dans la lignée du puissant La parfaite victime d’Émilie Perrault et de Monic Néron, Léa Clermont-Dion relate avec justesse et aplomb le parcours judiciaire des victimes d’agression sexuelle – le sien en ligne directrice, mais aussi celui d’une dizaine d’autres femmes, dont Annick Charette. La doctorante en science politique met en lumière les témoignages bouleversants de celles qui ont souvent dû affronter culpabilisation et parfois mépris de tout un système, sans oublier de mentionner quelques réussites. Parlez-en autour de vous!
Sur noovo.ca
Recommandé par Amélie Revert
Littérature
Quelques jours avec moi
Le format de ce charmant récit en fragments évoque la littérature jeunesse, avec ses textes courts accompagnés des magnifiques illustrations d’Agathe Bray-Bourret. Mais les tranches de vie partagées par Marilyse Hamelin sont bel et bien celles d’une grande personne. Une grande personne qui réfléchit à de grandes questions, comme le deuil, la maladie et la dépression. Ce qui n’empêche pas l’autrice de nous faire éclater de rire avec des observations du genre: «Plus je vieillis, plus mes cheveux ressemblent à des poils pubiens.»
Aux éditions Hamac
Recommandé par Marie-Lise Rousseau
Arts visuels
Ragnar Kjartansson, Sumarnótt: La mort est ailleurs
Chaque année lors du solstice d’été en Islande, la nuit n’arrive jamais. Au pied du volcan Laki, l’artiste Ragnar Kjartansson a trouvé une source d’inspiration pour évoquer la dualité entre la vie et la mort inhérente au genre humain, tout comme l’amour et la perte. Deux couples formés par des jumeaux et jumelles défilent ainsi, sans jamais se croiser, sur des écrans immersifs et en chanson pour raconter un certain romantisme dépourvu de mièvrerie.
Au MBAM jusqu’au 2 janvier
Recommandé par Amélie Revert
Musique
AXLAUSTADE
Qu’il soit étiqueté «grunge du futur» ou post-punk, AXLAUSTADE semble à coup sûr jouer avec le temps. Lancer le projet instrumental de Dumas, de Francis Mineau et de Jonathan Dauphinais, c’est comme retrouver une vieille cassette des années 90 prêtée par son meilleur ami au fond d’un carton de souvenirs. C’est d’ailleurs comme ça que le projet est né, un trip entre amis et amoureux de cette époque. Au total, dix titres tantôt puissants tantôt planants, mais qui visent toujours juste.
Sur les plateformes d’écoute
Recommandé par Martin Nolibé
Danse
La probabilité du néant
Cet ambitieux spectacle hip-hop chorégraphié par Alexandra «Spicey» Landé est électrisant. Huit danseurs de street dance partagent la grande scène du Théâtre Maisonneuve avec le public. Cette proximité joue habilement avec notre inconfort. Au cœur de cette création: le rôle des témoins. Tour à tour, les danseurs sont silencieux, indifférents, complices, engagés, bruyants… S’ajoutent à leurs performances énergiques et conflictuelles des projections, dont celle d’un œil géant qui défie le regard des spectateurs. Puissant.
Au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 9 octobre
Recommandé par Marie-Lise Rousseau