L’auteur à succès Marc Levy revient avec Un sentiment plus fort que la peur, un roman où il mêle thriller, politique, amour et aventure. Entretien.
Dans Un sentiment plus fort que la peur, on renoue avec Andrew Stilman [grand reporter au New York Times, déjà croisé dans Si c’était à refaire]. Un journaliste modèle, mais un homme imparfait. Est-ce que ce sont ces imperfections qui le rendent touchant à vos yeux?
Ce qui le rend touchant pour moi, c’est que c’est un type bourré de défauts, mais d’une sincérité inébranlable!
On sait que vous êtes fasciné par les phénomènes météorologiques. Les premières scènes du roman, avec l’héroïne, Suzie, et son guide qui escaladent le mont Blanc en pleine tempête, avec une crevasse qui se forme et une chute qui s’ensuit, c’était particulièrement agréable à écrire pour vous?
Ah, oui! Ma femme se moque toujours de moi! J’ai une vraie fascination pour la nature qui se déchaîne, j’adore ça! La première scène de mon roman Où es-tu? en parlait, et j’ai eu un plaisir fou à l’écrire!
Au départ, on s’imagine que le sentiment qui est plus fort que la peur, c’est l’amour. Était-ce plaisant de mettre les lecteurs sur une fausse piste?
Mon titre ne visait pas à piéger les gens, mais plutôt à leur offrir une surprise! Ça m’amusait de trouver quelque chose d’un peu plus subtil que «l’amour».
Les dialogues sont toujours très importants dans votre œuvre. Dans ce roman, vous opposez Andrew et Suzie, deux têtes fortes aussi curieuses que secrètes, qui se répondent souvent par des questions. Est-ce que ça vous permettait de mettre plus de couleur et d’énergie dans les échanges?
Je trouve qu’il n’y a rien de plus drôle et de plus tendre que de partager des questions plutôt que des réponses. Dans la relation que j’entretiens avec mon meilleur ami, c’est devenu un sport que de répondre à une question par une autre; de ne jamais être le détenteur d’une réponse définitive ou de quelque chose d’absolu. Et je crois que c’est aussi une expression de la pudeur. Parce que, très souvent, quand on répond par une question, la réponse est cachée à l’intérieur.
Justement, vous dites parfois que l’écriture, pour vous, c’est un médicament contre la pudeur. Est-ce une chose dont on finit par «guérir»?
Je ne crois pas. Et si on en guérit, c’est un vrai changement de personnalité. Par exemple, je lisais avec émerveillement le roman de Catherine Millet [La vie sexuelle de Catherine M.] et je me disais : mais comment est-ce qu’elle fait? C’est génial de pouvoir faire ça! Moi, si j’avais écrit son roman, je n’oserais même plus sortir de chez moi pour aller chez le boucher acheter des côtelettes! Avec mon meilleur ami qui est comme moi, on rigole toujours en se disant : on est quand même les deux seuls mecs qui seraient capables de prendre une douche avec un maillot de bain!
C’est la deuxième fois que vous mentionnez votre meilleur ami au cours de cet entretien. Est-ce lui qui a inspiré le personnage de Simon, le fidèle compagnon garagiste d’Andrew Stilman?
Complètement, oui! Mais pour vous dire la vérité, j’ai trois meilleurs amis. On forme une bande de joyeux lurons! Quand je compose le personnage du meilleur ami dans mes romans – qui est en lui-même un personnage récurrent, même si parfois il change de prénom – , c’est toujours un mélange des défauts et des qualités des trois, parfois même des quatre, parce que je m’inclus là-dedans.
Dans Un sentiment…, on trouve trois générations de femmes : deux disparues depuis longtemps et une qui mène l’enquête. Était-ce important pour vous d’avoir trois personnages de femmes fortes pour parler du thème de la transmission, de l’honneur familial?
Oui, absolument. Je voulais vraiment faire une photographie de trois femmes aux mêmes âges, à trois époques différentes, qui sont liées par cette filiation. C’était très important, ce lien et ce contraste entre les époques.
Pour finir, Andrew Stilman, est-ce le journaliste par lequel vous auriez aimé être interviewé?
Le journaliste par lequel j’aurais aimé être interviewé, non, car je n’ai pas ce narcissisme-là! Mais c’est probablement le journaliste que j’aurais aimé être.
Au sommet
Dans ce 14e roman publié aux éditions Robert Laffont, Marc Levy, qui n’aime pas se confiner à un genre, nous entraîne sur les traces de Suzie Baker. Cette jeune femme, déterminée à venger l’honneur de sa mère et le nom de sa grand-mère, ne reculera devant rien pour arriver à son but.
L’effet est explosif lorsque sa route tortueuse croise celle d’Andrew Stilman, reporter porté sur la bouteille qui fera équipe avec elle pour résoudre le mystère de son passé familial. Au menu de cette enquête? Rythme enlevant, rebondissements nombreux et dialogues énergiques.
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Treize ans de romans
Trois titres tirés d’une bibliographie qui totalise 14 titres publiés à 28 millions d’exemplaires.
Et si c’était vrai…
Le premier livre de l’auteur, qui l’a propulsé vers la célébrité… et vers Hollywood. En effet, en 2005, ce récit fantastique a fait l’objet d’une adaptation avec Reese Witherspoon et Mark Ruffalo dans les rôles principaux.
Mes amis mes amours
Une histoire d’amitié, de paternité et d’amour pour un autre écrit qui sera transposé au cinéma, celui-là par la sœur de l’écrivain, Lorraine Levy. Avec Pascal Elbé et le toujours excellent Vincent Lindon dans les rôles-titres.
Si c’était à refaire
Le roman dans lequel on fait la connaissance d’Andrew Stilman, l’attachant reporter victime ici d’une agression. Coup de chance, il se réveille, deux mois plus tôt, et mène l’enquête pour découvrir l’identité de son assassin…