Culture

Guy Nantel: humoriste de solutions

Même si son objectif de «sauver la nation québécoise» est tombé à l’eau pendant la campagne à la chefferie du Parti québécois, l’humoriste Guy Nantel n’a pas jeté ses idées aux oubliettes. Il les a plutôt canalisées pour en faire son sixième one-man-show en carrière.

Le vétéran de l’humour a présenté Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de me dire… devant une salle Albert-Rousseau remplie, mercredi soir. Pendant presque deux heures, il a frappé sur tout ce qui bouge dans la société québécoise sans mettre de gants blancs.

Le premier thème à passer sous la plume aiguisée de Guy Nantel est son très bref passage en politique. Il revient sur les moments les plus absurdes et frustrants de sa campagne au leadership. Contrairement à ce à quoi il nous a habitués, l’humoriste ne raconte pas les évènements d’une position de critique, en retrait de l’action, mais bien comme un acteur à part entière. Il navigue parfaitement entre la frustration et l’introspection et ne tombe pas dans le piège de l’amertume pour parler de «l’une des expériences les plus traumatisantes de sa vie».

Après avoir soulevé tous les problèmes qu’il a rencontrés en politique, Nantel se met en mode solution pour le Québec avec le franc-parler qu’on lui connait. Les ainés, l’environnement, les idiots, la souveraineté et la santé sont tous des points majeurs auxquels il aurait souhaité s’attaquer s’il était à la tête de la nation.

Le segment où il explique en détail comment il s’y prendrait pour régler le problème de la qualité de vie des aînés est particulièrement efficace. Après deux ans à voir tout le monde rabâcher qu’il faut mieux protéger les personnes âgées, l’artiste a pondu une longue tirade sur l’importance d’observer les signes du destin. Il fait valoir que la pandémie aurait dû être envisagée comme une solution pour se débarrasser de la génération «la plus ingrate et chanceuse de l’histoire du Québec», les baby-boomers.

À contre-courant

Malgré une durée supérieure à ce qui prime ces dernières années dans le monde de l’humour, Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de me dire… passe à une vitesse folle. Il s’agit d’un feu roulant de prémisses et de punchs parfois surprenants, parfois convenus, mais toujours livrés avec une énergie débordante.

Même si l’humoriste interagit régulièrement avec le public, donnant par moment une impression de rassemblement militant, on ressent que tout dans ce spectacle est placé à la virgule près et les moments où Guy Nantel sort de son texte sont rarissimes. Encore une fois, il nage à contre-courant des artisans du milieu québécois en la matière.

Au final, ce sixième spectacle solo a quelque chose de rafraichissant en comparaison avec les précédents en remplaçant l’ironie par l’autodérision. Le public, même s’il s’est fait ridiculiser à profusion, a récompensé l’artiste en riant à gorge déployée tout au long de la soirée.

Le commentaire de l’ami rieur

Un communicateur naturel, sans tabou, cru et incisif. Il ne m’a pas déçu! Je dirais même que je m’attendais à moins. Une excellente performance livrée avec grande efficacité. Oreilles chastes s’abstenir toutefois car tout le monde passe dans le tordeur, et ce, sans détour.

Benoit Turgeon

Guy Nantel sera de retour à la salle Albert-Rousseau les 23 et 24 février prochains. Pour en savoir plus sur ses prochaines dates de spectacle, consultez le guynantel.com.

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