Culture

«La respiration du ciel», un premier roman d’afrofantasy québécois 

Mélodie Joseph, lors du lancement de son livre «La respiration du ciel» à la Librairie Saga.

Si la fantasy québécoise parvient encore difficilement à rejoindre un large public, cela n’empêche pas le milieu d’être particulièrement créatif, voire avant-gardiste. Pour preuve, la jeune collection Imaginaire des éditions VLB a lancé le 13 février un premier roman d’afrofantasy québécois, La respiration du ciel de Mélodie Joseph. 

L’afrofantasy propose un récit appartenant au genre de la fantasy, mais écrit du point de vue des peuples afrodescendants et basé sur leurs cultures, leurs histoires, leurs folklores. 

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Originaire de la Martinique, Mélodie Joseph s’est installée au Québec il y a presque 10 ans pour y faire ses études. Un choix qu’elle a fait après avoir été charmée par la beauté du Vieux-Québec au cours d’un voyage, raconte-t-elle à Métro une heure avant le lancement de son livre à la Librairie Saga. Après un bac en communication – un domaine dans lequel elle travaille actuellement –, elle réalise une maîtrise en littérature à l’Université de Montréal, où elle rédige un mémoire sur l’afrofuturisme. 

Si le genre était encore méconnu du grand public lorsqu’elle a entamé son mémoire, la sortie fracassante du film Black Panther, en 2018, a influencé son écriture, admet-elle. 

«Avant, il y avait seulement quelques publications au sujet de l’afrofuturisme – en anglais, surtout – et après la sortie du film, il a commencé à y avoir beaucoup plus d’articles à ce sujet», explique Mélodie Joseph.  

Selon Mark Dery, essayiste et journaliste pour le Washington Post et Rolling Stone, l’afrofuturisme est «une fiction spéculative qui traite des thématiques afro-américaines […] dans le contexte de la technoculture du XXe siècle. […] Une sémantique afro-américaine qui s’empare d’une imagerie technologique et d’un futur prophétiquement augmenté». 

Une Histoire de vengeance 

Si Mélodie Joseph aime bien la science-fiction, sujet de son étude, elle a aussi un intérêt marqué pour la fantasy, genre dans lequel s’inscrit son premier roman.  

La fantasy est un genre littéraire dans lequel l’action se déroule dans un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels, mythiques ou légendaires, tandis que le fantastique se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d’un récit. 

Le thème principal de La respiration du ciel – premier tome d’une tétralogie intitulée La semeuse de vents – est la vengeance, soutient l’autrice de 27 ans. On y suit une jeune orpheline noire qui a perdu la mémoire et qui possède un pouvoir inquiétant.  

Recueillie d’abord par un solitaire vivant sur des terres dévastées par des brumes toxiques qui l’a baptisée Olive, la fillette est par la suite abandonnée dans un orphelinat sur des îles du ciel, une fédération d’archipels flottants dirigés par des oracles et inspirés des îles de la mer des Caraïbes, où l’autrice a passé son enfance et son adolescence. 

À travers ce récit, Mélodie Joseph s’interroge sur l’Histoire avec un grand H, sur ceux qui l’écrivent et sur l’influence qu’elle peut avoir sur la construction d’une société. Elle reprend donc ici la réflexion de Robert Brasillach, le journaliste et écrivain à l’origine de la formule disant que «l’histoire est écrite par les vainqueurs». L’histoire est-elle une science exacte? Sert-elle un projet politique? 

Ce sont à ces questions que la jeune héroïne de La respiration du ciel est confrontée, puisqu’elle est elle-même issue d’un peuple vaincu. «J’aime bien l’idée de comment les certitudes construisent un individu», dit Mélodie Joseph. 

Cette construction de l’Histoire et les discriminations qui peuvent en découler font d’ailleurs partie de l’aspect afrofantasy de La respiration du ciel, selon l’autrice. Un esprit caraïbéen se dégage de la proposition de Mélodie Joseph, fière de mettre de l’avant ses racines dans un récit issu des littératures de l’imaginaire. 

Une autrice productive 

Alors que premier tome vient à peine de paraître, le deuxième et le troisième ont déjà été écrits, affirme Mélodie Joseph. 

Elle précise que La semeuse de vents devait être d’abord une trilogie, mais que l’éditeur a choisi de diviser le premier tome en deux livres, ce qui explique pourquoi elle est déjà aussi avancée dans l’écriture de ce récit. 

Une décision avec laquelle elle est tout à fait d’accord, d’autant plus que l’éditeur a décidé de couper à un endroit tout à fait adéquat. 

La respiration du ciel est un premier roman captivant d’une jeune autrice néo-québécoise qu’on doit surveiller de près et qui contribue à l’essor des littératures de l’imaginaire d’ici en l’enrichissant de quelques saveurs venant d’ailleurs. 

La respiration du ciel de Mélodie Joseph est en librairie à compter d’aujourd’hui, 15 février.  

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