«Je suis un gars ben ordinaire», chantait Robert Charlebois. Cette phrase résume parfaitement le lumineux film Gabrielle, de Louise Archambault, qui porte sur les amours de deux jeunes adultes déficients intellectuels.
Amitié, amour, sexualité. Des concepts normaux qui peuvent devenir tabous chez des gens qui composent avec des handicaps mentaux. Et qui pousse l’entourage de Gabrielle (Gabrielle Marion-Rivard) et de Martin (Alexandre Landry) à les éloigner l’un de l’autre malgré leur affection mutuelle.
«J’avais envie de faire un film sur le bonheur, explique en entrevue la cinéaste Louise Archambault, qui avait mis en scène Familia en 2005. Sur la façon dont des gens qui sont en marge de la société vont chercher leurs forces pour vivre, passer à travers les épreuves, quand ils sont peut-être moins bien outillés.»
Une façon d’y parvenir est la musique, qui est le véritable personnage principal du long métrage. En plus d’être une oasis face aux regards des autres, elle devient source de motivation et d’émancipation.
Vivant avec le syndrome de Williams et étant elle-même musicienne, Gabrielle Marion-Rivard est aux anges lorsqu’elle parle de ce récit qui lui tient tant à cœur. «Le monde va voir qui nous sommes et ils vont voir que Gabrielle est comme les autres.»
Présenté à Locarno devant des milliers de personnes, puis à Toronto, et ayant remporté deux prix au Festival d’Angoulême, ce film aurait pu prendre cent formes différentes, et sa réalisatrice le savait trop bien.
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Les discours moralisateurs et les lourdeurs étaient également hors de question. «Ce sont des personnes tellement pétillantes, assure Alexandre Landry, qui en est ici à son premier rôle au cinéma et que l’on reverra dans le prochain essai de Rodrigue Jean. Gabrielle vit dans le moment présent et ça fait du bien de ne pas penser au passé ou au futur, aux jugements et aux critiques.»
S’abreuver au réel
Comme les John Cassavetes, Ken Loach, Andrea Arnold et autres Raymond Depardon qui l’ont inspirée, la réalisatrice Louise Archambault a voulu s’ancrer dans la réalité, autant au niveau du scénario (la présence de Robert Charlebois et du groupe musical Les Muses, qui travaille avec des personnes vivant avec un handicap) que de la mise en scène. Une démarche qui nécessitait de l’abandon.
«Je devais lâcher prise sur plein d’affaires, je ne pouvais pas tout contrôler, se rappelle la cinéaste. Je cherchais de la spontanéité, des moments de vérité, mais avec un scénario écrit. J’ai développé des techniques pour aller chercher un peu d’improvisation pour déjouer les acteurs sans qu’ils le sachent. Ils ne pouvaient pas penser à leur profil devant la caméra, mais à leur personnage et écouter l’autre acteur. Ils ne pouvaient être dans l’automatisme, seulement dans le moment présent.»
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Gabrielle
En salle dès vendredi