Profitant du lancement d’En bref, un florilège qui regroupe 25 de ses plus grandes chansons, Métro a demandé à Luc De Larochellière de nous faire part de ses préférences et influences musicales en se prêtant au jeu du «tourne-disque».
Le disque qui vous a donné envie de faire des chansons?
Ma mère était chanteuse d’opéra, et mon père, choriste avec les Disciples de Massenet. Il n’y avait pas beaucoup de musique pop à la maison, hormis un Ferland, un Vigneault et un Frida Boccara. Le premier album rock qui est entré chez nous était un double live de Pagliaro, apporté par mon frère. Je me souviens d’avoir joué au chanteur et au rockeur en grattant ma… raquette de tennis! Ensuite, on a acheté des compilations de la compagnie K-Tel qui mélangeaient des artistes, comme Les Jérolas et Les Classels. Mes deux premières idoles musicales ont été René Simard (Un enfant comme les autres) et Willie Lamothe, dont j’adorais l’émission Le ranch à Willie.
Amère America est la chanson qui catalyse vos débuts. Quel serait l’album qui décrit le mieux l’américanité?
Plusieurs. L’album de Simon et Garfunkel, où on voit deux gros visages (Bookends). Cela représente l’américanité de la région de New York. Il y a aussi Johnny Cash, l’œuvre complète qui est très enracinée. Même chose pour Bob Dylan. Bruce Springsteen? J’allais en parler, mais il demeure pour moi un enfant de Dylan. Son œuvre me semble beaucoup plus large que celle de Dylan, lui qui est allé dans les tréfonds. C’est un descendant de Woody Guthrie et il s’est rendu aux intellectuels de la génération beat. Il a également flirté avec le monde branché de Andy Warhol. Dylan représente en quelque sorte la diversité de l’âme américaine.
Beauté perdue et Un toi dans ma tête sont de magnifiques chansons de rupture dont vous êtes l’auteur. Qu’écoutez-vous lorsque vous êtes en proie à des déchirements amoureux?
J’écris. (Rires) Ça a changé au fil des ans. Plus jeune, j’aurais dit mes vieux classiques rock, comme les Rolling Stones ou Led Zeppelin, pour évacuer l’énergie noire qui m’habitait. Aujourd’hui, ça serait du classique afin de m’apaiser. Chopin? Oui, mais pas nécessairement des pièces romantiques. Comme le classique est une musique large, elle me permet de me reconnecter à tout ce qu’il y a d’autre en dehors de ma peine. Ce qui m’aide à guérir.
A contrario, y a-t-il des chansons que vous évitez dans ce contexte parce qu’elles vous font trop souffrir?
Souvent, si des chansons ont cet effet, c’est parce qu’elles sont très belles. J’ai eu des périodes dans ma vie où je n’étais plus capable d’écouter Avec le temps, de Léo Ferré. C’était trop pour moi. Pareil pour Ne me quitte pas, de Jacques Brel. À certaines périodes de ma vie, je me suis roulé dedans à force de les écouter. (Rires)
Édith Piaf?
Je ne sais pas. Je trouve qu’il y a beaucoup de peine, mais aussi énormément d’espoir dans son répertoire. C’était une madame triste qui portait en même temps une grande résilience. Ce qui paraissait dans ses chansons.
Vous avez chanté Ma génération. Quel serait l’album de celle à laquelle vous appartenez, la génération X?
Nevermind, le premier album de Nirvana. Incontestablement.
En ce moment, quel serait selon vous la plus belle chanson d’amour?
Je reviendrai à Piaf avec Non, je ne regrette rien. Pour moi, il s’agit d’une chanson d’amour parce que, malgré le mal et la souffrance que tout ce que cela implique, elle nous dit: «l’amour valait tout ça». Cela dit, demain, je pourrais répondre Jenny de Richard Desjardins (dont Luc a déjà fait une vibrante reprise pour l’émission de Jim Corcoran à Radio-Canada).
Une chanson dont vous êtes jaloux, que vous auriez aimé écrire.
Récemment, j’ai fait la mise en scène d’un hommage à Brel auquel je participe. Il y en a plusieurs uniquement dans ce spectacle. Mais je dirais Voir un ami pleurer.
Votre chanson préférée dans votre propre répertoire…
J’ai vu. Cette pièce est un condensé de tout ce que j’ai fait. C’est le genre de toune qui te pousse à te demander, après l’avoir terminée: «Qu’est-ce que je fais après?»
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