Dans le cadre du festival Juste pour rire, les quatre membres de Rock et Belles Oreilles (RBO) – Guy A. Lepage, Yves P. Pelletier, André Ducharme et Bruno Landry – se réuniront sur scène mercredi. Ils présenteront, au cours d’un spectacle gratuit extérieur, quelque 80 minutes de leurs chansons, accompagnés des musiciens des Porn Flakes. Un show complet en groupe sur les planches, après plusieurs années.
RBO a 33 ans cette année. C’est «l’âge du Christ». Est-ce que le show a une signification particulière?
André Ducharme : Non, c’est un hasard, il n’y a pas de lien entre notre âge et le show.
Guy A. Lepage : Toujours est-il que si on avait aimé la numérologie, ce show-là, on l’aurait fait à notre 30e anniversaire plutôt qu’au 33e. On n’a pas été très, très «timés» pour profiter de ces moments-là. Mais quand un projet nous stimule, on le fait, et on le fait dans des années un peu random. Le festival Juste pour rire nous a offert de faire un show live, avec des musiciens, gratuit, sur la grande place, et on n’a pas trouvé de raison pour refuser.
Est-ce que les chansons que vous allez présenter font le tour de votre discographie? Il y aura les succès, comme Bonjour la police, Arrête de boire, I want to pogne… Mais y en aura-t-il aussi des moins connues?
Yves P. Pelletier : On a regardé l’ensemble de notre répertoire et, depuis nos débuts, il y a des centaines de chansons. C’est sûr qu’on va faire les plus connues, mais on est aussi allés piger des trucs dans toutes les époques, des trucs qu’on avait envie de faire sur scène, qu’on n’avait jamais interprétés live. [Aussi], il y en a certaines qu’on a regroupées, pour s’assurer d’avoir toutes sortes de variétés musicales. Je pense que ça fait un beau petit spectacle. Je suis content de le présenter aux gens.
Peut-on s’attendre à des invités?
Y.P.P. : C’est pas le concept. C’est vraiment nous quatre.
Est-ce qu’il y a une chanson en particulier que vous étiez impatients de faire, ou une chanson que vous redoutiez un peu, que vous étiez moins à l’aise de reprendre?
Bruno Landry : C’est pas parce qu’on n’est pas à l’aise…[Mais] vocalement, pour moi, la chanson la plus difficile, c’est Le trou. Parce qu’elle est très exigeante, on chante beaucoup, il faut tenir la note. Étant donné qu’on bouge, en plus, on est moins habitués de chanter quand on est un peu essoufflés; ça, ça va être un défi. Même si on sait que ça va être difficile, on a le goût.
A.D. : Mais tu sais, le fait qu’on est avec un band, des musiciens, il y a des chansons qui prennent une coche de plus. Une chanson comme Arrête de boire avec un band… c’est pas la même chanson. T’as l’impression que t’as un bulldozer qui te pousse en arrière. Fait que la chanter, celle-là, c’est sûr que j’ai hâte. Bonjour la police, c’est la même affaire. Bonjour la police, c’est une chanson qui déménage, qui rocke.
Y.P.P. : [Avoir un band avec nous], c’est un truc qu’on avait évoqué à l’époque de [la tournée] Bêtes de scène [en 1990-1991] et qui n’était pas possible [de faire] sur le plan financier et logistique. Et là, c’est aujourd’hui qu’on le fait. Toutes les chansons où il y a un groove, une guitare électrique, une espèce d’énergie un peu rock, j’ai hâte.
G.A.L. : (Ton coquin) Comme quoi il ne faut jamais renoncer à ses rêves.
(Rires de tous)
Y.P.P. : Quand on voit des personnes âgées faire toujours du rock, comme Mick Jagger… Pourquoi on ne pourrait pas faire du rock?
Est-ce que vous vous souveniez des chansons?
G.A.L. : (Sans hésiter) Eh oui!
(Tous acquiescent.)
Ça n’a donc pas été beaucoup de travail?
G.A.L. : Non. Non. Ça revient vite.
A.D. : C’est des chansons qu’on a dû chanter devant un public 400 quelques fois, si t’ajoutes les répétitions, on est rendus à 2000 fois. Mais ce qui est drôle, c’est qu’il y a des chansons qui ont plus qu’une version, [selon si c’est sur disque ou en show]. Quand t’arrives pour la chanter, là tu peux te perdre.
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Est-ce que vous diriez que les chansons de RBO sont plus intemporelles que les sketches?
B.L. : En général, oui.
A.D. : Forcément.
G.A.L. : Oui, mais on en a fait des temporelles, et on va les actualiser. On va changer certaines paroles pour les rendre plus actuelles. Mais en général, une chanson, c’est supposé être plus intemporel.
A.D. : C’est écrit comme ça. Tu l’écris en disant: «Il faut que, dans un an ou deux, elle soit encore pertinente.» C’est la différence entre un Polaroïd et une photo un peu plus finie, qui dure plus longtemps aussi.
G.A.L. : Je pense qu’on aimerait ça si, dans 250 ans, quelqu’un redécouvre ce que notre civilisation a fait et qu’il entende, mettons, La chanson du crastillon, et qu’il comprenne notre civilisation et qu’il voit que…
A.D. : Les gens mangeaient ça.
Y.P.P. : Qu’ils découvrent c’était quoi, l’humanité.
A.D. : Les préférences gastronomiques.
Y.P.P. : La vie biologique…
B.L. : C’est notre legs.
Donc c’est ça, ça vous a permis de laisser un legs à l’humanité?
Y.P.P. : Dans les faits, c’est qu’on était tous des tripeux de musique. Et quand on était étudiants en communications à l’UQAM, on chantait des vieux thèmes d’émission de télé. André était dans un groupe humoristique qui s’appelait les Yellow Frogs – d’ailleurs, Le feu sauvage de l’amour vient de ce groupe-là. Donc, dès le départ, à l’émission de radio à CIBL, on a chanté des chansons.
Vous avez dit qu’il y aura une réactualisation de certaines chansons. Est-ce qu’il va aussi y avoir des nouveautés?
Y.P.P. : Pas vraiment, non. On est plus vieux; déjà, c’est une nouveauté.
A.D. : Je ne suis pas sûr que ça se prête à ça. «Le pont Champlain… le pont Champlain…» Non.
Y.P.P. : Il va y avoir des micros ouverts et il va y avoir nos bouches, fait que… on va faire des blagues.
G.A.L. : Tu sais, des fois, il y a des vedettes internationales qui viennent présenter toutes les chansons de leur carrière, et des fois, ils disent: «This is a new song.» Et c’est comme si t’entendais 18 000 personnes qui font: «Ah non! Il va chanter ça à la place d’une toune qu’on aime!»
B.L. : On adapte certaines parties de certaines chansons, alors avec ça, il y a une partie de nouveauté.
Y.P.P. : «Bonjour, c’est encore nous…» [le début de Arrête de boire], ça va être «Bonsoir…»
André : (Rires)
The Tounes
Sur la Place des Festivals
Mercredi à 21h
