Le scénario est cauchemardesque: depuis l’explosion de la centrale nucléaire Gentilly-3, il y a neuf ans, Montréal vit un hiver éternel.
Bienvenue dans l’univers de Hiver nucléaire, où Flavie, courrier en motoneige, doit braver la tempête de la Saint-Jean-Baptiste pour livrer des bagels chez Marco, un résidant du Mile-End avec qui elle se lie d’amitié. Caroline Breault, alias CAB, publie sa première bande dessinée grâce au concours Anticyclone, des éditions Front Froid, qu’elle a remporté l’an dernier.
J’ai beaucoup été influencée par la série BD Scott Pilgrim. Les personnages ont l’air super ordinaires, puis l’aspect invraisemblable entre sans crier gare et ça passe comme une lettre à la poste. Dans mon récit, la partie science-fiction, avec l’explosion nucléaire, n’est qu’un prétexte pour faire durer l’hiver plus longtemps. En plus, j’aimais l’idée de dessiner la radioactivité comme on se l’imaginait dans les années 1980-1990, avec des barils de glu verte qui brille, même si c’est complètement invraisemblable.
D’où vous est venue l’idée de situer Montréal dans cet hiver sans fin?
Chaque année, ça me choque à quel point le printemps est sale. En ville, je trouve vraiment dégueulasse la période entre la fonte des neiges et le début de l’été! En marchant à l’extérieur au printemps 2012, j’ai imaginé un hiver qui ne se terminerait jamais au Québec. Je suis allée puiser dans l’esprit collectif des Québécois. C’est fou à quel point on n’est pas adaptés à l’hiver! On vit dans un déni collectif de cette saison, bien qu’on ait tous les outils pour vivre avec.
Dans Hiver nucléaire, on reconnaît bien le décor de Montréal et ses lieux emblématiques, comme les bagels Fairmout et le restaurant Schwart’z. Comment la ville vous a-t-elle inspirée?
J’aime beaucoup dessiner des décors et il y a des endroits à Montréal qui ont tellement de personnalité qu’ils deviennent des personnages en soi. Montrer ces lieux était primordial, j’ai eu beaucoup de fun à les dessiner. Pouvoir mettre en scène Montréal était une bonne façon de rendre hommage à cette ville qui peut être vraiment moche en hiver, mais parfois vraiment belle. D’ailleurs, je n’ai pas dessiné de slush pour cette raison. J’ai voulu mettre en valeur ces rares moments d’hiver qui sont féeriques, des moments carte postale. C’est beau, le soir, quand la neige tombe… mais ça ne dure qu’un temps. Le lendemain matin la magie tombe; il faut déneiger le char!
«Ma BD s’applique beaucoup aux Montréalais. Les gens en ville ne profitent pas des joies de l’hiver.» – Caroline Breault, auteure et illustratrice de Hiver nucléaire
Que feriez-vous à la place de vos personnages?
Je déteste l’hiver! Je l’haïs pour mourir. Mais j’imagine que je prendrais mon trou, comme chaque hiver, comme tout le monde se résigne à le faire. C’est inconfortable, il fait trop chaud dans le métro et trop froid dehors, mais on ne peut rien faire contre l’hiver… C’est inévitable. Par contre, ce serait épouvantable que mon scénario se produise! C’était peut-être un exutoire pour moi d’écrire ça, afin que ça ne se produise jamais!
Vous êtes graphiste de formation et Hiver nucléaire est votre première BD. Avez-vous eu la piqûre pour le 9e art?
Je suis allée en graphisme pour le volet créatif. Je savais que je ne ferais pas de la mise en page de magazine de ma vie. Ça fait longtemps que je dessine et j’ai envie de continuer en BD, peut-être avec une suite à Hiver nucléaire!
Aux éditions Front froid
Lancement à la Quincaillerie jeudi à 19h