MONTRÉAL – S’apercevant qu’il allait fêter les dix ans de son premier roman sans rien avoir à publier, Stéphane Dompierre a spontanément pensé réunir des auteurs pour publier «NU» aux éditions Québec Amérique, un recueil de nouvelles érotiques qui se veut aussi une manière de se réapproprier l’érotisme de manière saine.
Il a fait appel à une quinzaine d’écrivains de son cercle professionnel, avec une seule consigne: écrire une histoire qui soit «ludique». Pas de viol, pas de sang, pas d’inceste.
Patrick Senécal, Véronique Marcotte, Guillaume Vigneault, Marie Hélène Poitras, Matthieu Simard et Isabelle Massé font partie des 15 écrivains qui ont répondu à l’appel.
M. Dompierre signe lui-même une nouvelle dans le recueil, «Animal social», une histoire située dans un futur imprécis où le sexe et la pornographie pullulent jusque dans les transports en commun grâce à la technologie.
Il était sans doute inévitable que la technologie fasse partie d’un recueil de littérature érotique en 2014.
«L’érotisme maintenant, c’est devenu de la pornographie, des figures imposées, déplore l’auteur d’Un petit pas pour l’homme. Donc de se réapproprier l’érotisme au niveau littéraire, pour moi, il y a quelque chose de très sain dans l’exercice, qui permet au lecteur aussi de s’approprier ces images.»
Et elle est là, selon lui, l’importance de la littérature érotique : permettre au lecteur d’utiliser à nouveau sa propre imagination, après avoir été «bombardé de toutes sortes de choses», notamment par Internet. «Là on te décrit les choses, mais juste comme il faut. Ce n’est pas frontal, on ne vient pas te le mettre au visage», dit-il, sourire en coin lors du lancement du livre, qui sort en librairie, mercredi.
Selon Véronique Marcotte, qui signe aussi une nouvelle dans «NU», la disponibilité des images sur le Web et le manque de modèles québécois en littérature érotique présentaient un défi : celui de transmettre une signature propre à chaque auteur.
«Ce n’est pas évident à faire, car justement, c’est rendu tellement accessible (avec le Web). Mais rien n’a d’égal que la littérature érotique, parce qu’elle comprend un esthétisme, et une recherche d’esthétisme», explique-t-elle.
Et M. Dompierre, en sa qualité de directeur du recueil, a fait un très grand travail d’édition des textes, pour proposer un livre de qualité. «Je ne voulais pas perdre la qualité littéraire dans le processus en mettant sur le marché quelque chose de pas très travaillé. Je ne voulais pas que ça ait l’air de scénettes érotiques non plus. Mais tout le monde a livré de belles histoires, avec un fil narratif très, très solide», se réjouit-il.
Stéphane Dompierre
Québec Amérique