Culture

Le berceau des anges: jamais sans mon bébé

Ricardo Trogi signe la minisérie Le berceau des anges, qui lève le voile sur un pan méconnu de l’histoire du Québec, soit un trafic de bébés montréalais vendus à des couples de New York et du Canada anglais dans les années 1950.

Ricardo Trogi s’y connaît en reconstitutions d’époque, on le sait notamment grâce à ses films 1981 et 1987, qui reproduisaient de façon impressionnante cette décennie. Pas étonnant, donc, que la minisérie Le berceau des anges, dont le cinéaste signe la réalisation, nous replonge de manière aussi crédible dans les années 1950.

«Il n’y a presque plus de productions d’époque de grande envergure comme celle-là à la télévision», faisait remarquer le producteur Luc Wiseman hier, à l’occasion de la projection pour les journalistes des deux premiers épisodes de cette production originale de Séries+, qui succède à La marraine il y a un an, et à Mon meilleur ami le printemps précédent.

Et c’est une histoire fascinante qu’avait à se mettre sous la dent le scénariste Jacques Savoie pour cette série librement inspirée d’un scandale de trafic de bébés entre le Québec et les États-Unis, survenu dans les années 1950, une histoire que la productrice Sylvie Roy a eu l’idée de porter à l’écran. C’est que les différents volets du récit nous permettent de voir la situation du point de vue de toutes les parties impliquées. On suit l’enquête du sergent-détective Edgar McCoy (Sébastien Delorme) et de sa collègue Denise Royer (Ève Duranceau) sur le trafic de bébés. Une enquête qui a un écho émotif pour chacun d’eux: Edgar et sa femme (Isabelle Blais) ne peuvent pas avoir d’enfants et ont de la difficulté à adopter, étant respectivement protestant et catholique; alors que Denise, devenue veuve alors qu’elle était enceinte, élève seule son fils. En parallèle, on suit Gabrielle (Marianne Fortier), tombée enceinte à 19 ans et partie à Montréal chez les religieuses pour y mener sa grossesse à terme. Mais Gabrielle ne veut pas donner son bébé en adoption et attend son amoureux, qui a promis de venir la rejoindre à Montréal.

C’est cette Gabrielle, interprétée avec une touchante sensibilité par Marianne Fortier, une jeune femme prête à tout pour ne pas perdre son enfant avant même de le mettre au monde, qui est l’âme de la passionnante minisérie. On ne veut pas qu’elle tombe entre les griffes de la vilaine Sarah Weiman (fantastique Sandrine Bisson), qui gère une «usine à bébés». De la même manière, le couple incarné par Sébastien Delorme et Isabelle Blais, désespéré par l’impasse religieuse qui se dresse devant son projet de famille, nous aide à comprendre ce qui pouvait pousser des gens de prime abord tout à fait ordinaires à décider «d’acheter» un bébé. Bref, grâce à sa solide distribution (qui inclut aussi, notamment, Gaston Lepage, Marie-Ève Milot, Marianne Verville et Gildor Roy), à sa réalisation vivante et soignée et à sa trame narrative alliant suspense haletant et émotions, Le berceau des anges réussit à traduire à l’écran les nuances de cette histoire méconnue et révoltante.

Le berceau des anges
À Séries+
En rafale du 16 au 19 mars à 21h

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