Culture

Le voyage dans la peau

Voyager, c’est possible pour toutes les filles, peu importe leur style ou leurs besoins. Marie-Julie Gagnon et Ariane Arpin-Delorme ont écrit ensemble un guide «tout inclus» au ton humoristique dans lequel elles ont réuni les informations essentielles à savoir avant d’aborder l’étranger.

Le livre s’appelle Le voyage pour les filles qui ont peur de TOUT, en majuscules. De quoi vous avez peur, vous, en voyage?
Marie-Julie Gagnon: De tout! Je suis du genre à me faire 60 000 scénarios d’horreur, pour des niaiseries, tout le temps. Je vais regarder quelqu’un et je vais trouver qu’il a l’air louche. J’ai peur de perdre mes affaires. J’ai peur d’attraper 72 nouvelles maladies à la minute…
Ariane Arpin-Delorme: C’est pas nécessairement des peurs, mais des inquiétudes, qui ont évolué selon mon état d’esprit ou la destination. Ça reste au niveau de la sécurité. Souvent, les gens me demandent si telle destination est dangereuse. Mais quand il m’est arrivé des incidents, c’était ici ou aux États-Unis. Est-ce que je transpose ces peurs-là en voyage? Oui. Mais ça ne m’arrête pas. Ailleurs, j’écoute plus mon instinct.

Vous êtes des pros du voyage. Quelles sont les questions qu’on vous pose le plus fréquemment et auxquelles vous répondez dans le livre?
A.A.D.: Ça peut être autant «Comment survivre aux formules tout compris?» que «Comment faire ses bagages?» ou «quoi faire si j’ai le goût de voyager seule?» Ce sont des préoccupations qu’on peut surmonter.
M.-J.G.: Une des choses qui reviennent beaucoup, ce sont les filles qui veulent partir pour une première fois en solo. On me demande souvent quel pays elles devraient visiter. Sur le plan de la sécurité, c’est une préoccupation constante, surtout pour les femmes. L’habillement, la question de l’hygiène aussi, de la santé, les vaccins… Le budget. C’est très «pratico».

Vous avez fait le portrait de 18 types de voyageuses. Vous avez vraiment rencontré tous ces types de personnes?
M.-J.G.: Ah oui! Quand j’ai écrit les canevas, j’avais vraiment en tête des personnes précises. Mais en exagérant certains traits. Je pense qu’Ariane et moi, on a rencontré beaucoup de voyageuses, comme la caméléon, surtout quand tu fais de la coopération internationale. Quand t’arrives en Afrique et que tu vois toutes ces filles blondes qui sont tressées…
A.A.D.: Avec le boubou…
M.-J.G.: Qui sont super extrêmes et qui sont fières de dire qu’elles prennent leur douche à l’eau froide le matin… Ils existent ces personnages là!

Ç’a été quoi, votre tout premier voyage hors du Québec?
A.A.D.: Je ne me souviens plus, si c’était des vacances en Floride ou un voyage de coopération humanitaire au Guatemala, d’abord avec un groupe, puis seule. J’avais 15 ans, presque 16. Les deux extrêmes, pour aller chercher autre chose. Ces deux voyages m’ont procuré une grande indépendance.
M.-J.G.: J’étais en anglais enrichi au secondaire et on avait fait un voyage à Ottawa. Pour la petite fille du Lac-Saint-Jean que j’étais, c’était très exotique! (rires)

Est-ce que vous avez eu la piqûre pour les voyages à ce moment?
M.-J.G.: Je ne viens pas du tout d’une famille de voyageurs. C’est un monde qui, pour moi, appartenait aux autres. Je voyageais à travers les dessins animés, les films, les livres. La piqûre est venue beaucoup plus tard. À partir de l’âge de 23 ans, tout s’est enchaîné. Et là, j’ai compris que j’avais besoin de ce recul-là. Le voyage, ça permet de relativiser tellement de choses. Je ne savais pas que j’avais ce besoin avant de l’expérimenter.
A.A.D.: Mes parents ont toujours eu la curiosité du voyage. Quand ils nous ont eus – on est trois enfants –, ça n’a pas été possible financièrement de voyager et j’ai compris que c’était un peu un regret pour eux, parce qu’ils auraient voulu nous faire vivre ça. Donc, d’une certaine façon, il y a cette curiosité, parce qu’ils nous ont toujours beaucoup poussées vers ça.

Quelles sont les voyageuses ou les œuvres qui vous ont inspirées, personnellement?
M.-J.G.: À 17 ans, j’ai lu un livre qui s’appelle Le diable vert, de Muriel Cerf. Ça se passait en Indonésie, surtout à Bali. Ce livre a eu sur moi un effet incroyable! Il y a plusieurs œuvres qui, à différents moments, m’ont influencée, mais celui-là est à l’origine de mon obsession pour l’Asie. Ça parlait beaucoup à la fille de 17 ans que j’étais!
A.A.D.: J’ai lu beaucoup de récits de voyage. Entre autres le livre Shantaram. Ça parle d’un évadé de prison en Australie qui passe un moment en Inde. Ça m’a touchée, sûrement parce que j’étais là [quand je l’ai lu]. Et quand je parle à mes étudiants, ou aux voyageurs, j’essaie de leur faire comprendre que, si on décide d’aller dans un pays où il y a une dictature ou qui sort d’un génocide, c’est un devoir d’en connaître l’histoire.

«Voyager, c’est la meilleure des thérapies. T’es confronté à toi-même tout le temps. T’as tes défauts en pleine face tout le temps.» – Marie-Julie Gagnon

Un des messages du livre est que, même si on a peur, on peut partir. Est-ce que la peur se guérit un jour?
A.A.D.: Je pense que les peurs changent peut-être. Par exemple, l’an passé, un de mes vols était en retard. Avant, j’aurais dit: «Ah, c’est plate…!» Mais j’en ai ri. Il y a des inquiétudes que tu te dis que c’est pas grave, finalement.
M.-J.G.: Je dis tout le temps qu’il y a la peur qui paralyse et la peur qui fait avancer. Je pense qu’à partir du moment où t’es capable de dire: «OK, je vais au-delà de cette peur», tu t’ouvres à tellement d’affaires. Et c’est pas grave si t’as peur.
A.A.D.: Il faut en rire, en fait.
M.-J.G.: L’humour, ça permet de désamorcer tellement de choses.

 

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Une communauté de blogueuses à découvrir

En plus de donner leurs propres conseils aux voyageuses, Ariane Arpin-Delorme et Marie-Julie Gagnon ont ajouté dans leur bouquin ceux de plusieurs blogueuses voyage qu’elles admirent. «Ça permet aux gens qui le veulent de continuer à suivre ces filles-là. Il y a plein de portes qui s’ouvrent», explique Marie-Julie Gagnon.

Le voyage pour les filles qui ont peur de TOUT
Aux éditions Michel Lafon
En librairie

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