Note: ** et demie
Ce n’est pas avec «Sale grand-père» («Dirty Grandpa») que Robert De Niro et Zac Efron remporteront la mise. La comédie aux milles clichés et aux blagues racistes, homophobes et misogynes sillonne la longue liste des films dans la lignée de «Spring Breakers» et autres idylles vers le paradis des collégiennes aux mœurs légères.
C’est à se demander comment un scénario (écrit par John Phillips) peut contenir autant de blagues de mauvais goût. Le ratio conneries/mots est à son comble dans cette aventure qui n’a qu’un seul but: voir un grand-père culbuter une lycéenne en dernière année d’université. «What the fuck!»
Ce patois revient d’ailleurs souvent dans ce film réalisé par Dan Mazer, derrière le personnage de «Borat» notamment. Mais la vulgarité qui faisait la signature du scénario de «Borat» devient plutôt un irritant dans «Sale grand-père».
L’enchaînement des blagues à caractère primaire a malgré tout fait rire bien des spectateurs dans la salle où je me trouvais. Mais en a fait sourciller tout autant, en particulier celles où être gai se pose en insulte aux yeux de nombreux personnages.
Par chance, l’histoire se reprend un peu notamment lorsque le grand-père Dick Kelly (De Niro) se retroussera les manches pour défendre un ami homosexuel.
Histoire
«Sale grand-père» se classe dans la lignée des «road movies» où les personnages tentent de retrouver la liberté de la vie. Bien loin de Kerouac, Dick Kelly demandera à son petit-fils Jason (Zac Efron) de l’accompagner à son condo en Floride au lendemain des funérailles de sa femme après 40 ans de vie commune.
Le patriarche qu’on pourrait croire atterré se révèle plutôt avide de vices et empressé de revivre une époque où le sexe et la drogue étaient monnaie courante. Jason, un petit-fils coincé dans la profession d’avocat au sein du cabinet de papa et contrôlé par sa future épouse (Julianne Hough), devra desserrer sa cravate s’il veut suivre son grand-père.
Le trajet du duo improbable et quelque peu comique bifurquera vers Daytona Beach après la rencontre d’une ancienne camarade de classe (Zoey Deutch) et de ses deux amies, Leonor la nymphomane (Aubrey Plaza) et Bradley (Jeffrey Bowyer-Chapman).
Le reste est une histoire qui a de la difficulté parfois à se tenir debout, un peu comme mon grand-père de 90 ans que j’aime beaucoup (et qui ne m’emmènera jamais à Daytona Beach à la recherche d’un «one night»)!
Quête
On se retrouve ici dans le classique temporel de la dernière semaine avant le mariage du jeune homme. Poussé par son grand-père, Jason qui acquiesce à sa dulcinée comme le ferait un petit bichon maltais se libérera peu à peu des diktats familiaux qui l’ont rendu terne et soumis.
À ces côtés, le veuf regarde sa mort arriver d’ici quelques années et veut profiter de la vie. Fidèle en amour, le nouveau célibataire souhaite revivre de folles passions pendant qu’il en est encore capable.
Les kilomètres asphaltés parcourus deviennent alors une excuse pour le duo qui renouera peu à peu avec leurs désirs de vie. Au terme de l’exercice, le spectateur finira par se questionner un peu sur les choix qui l’ont mené là dans sa vie et s’il a toujours respecté ce qu’il était dans ses aspirations de jeunesse.
Québec
Doublée au Québec, la version à l’affiche dans les cinémas d’ici sonne familière. Par contre, l’accent rend les insanités dictées par les personnages peut-être encore plus crues. Le mélange de français international et québécois sonne parfois bizarre à l’oreille et a tendance à souligner les propos vulgaires.
Reste que «Sale grand-père» trouvera sûrement son public comme l’ont fait ses prédécesseurs. Les amateurs de comédies dans la lignée de «Folies de graduation», «Lendemain de veille» et «Spring Breakers» retrouveront un corpus similaire, mais moins bien fignolé.