Culture

«Le Petit Prince»: une animation majestueuse

Note: **** étoiles

On connaît tous «Le Petit Prince». Cette histoire apprise à l’école quelque part dans nos mémoires. Un souvenir un peu oublié. C’est le principe même du film d’animation qui reprend la fable d’Antoine de Saint-Exupéry. Grandir, ce n’est pas ça le problème. C’est oublier.

Réalisé par Mark Osborne («Kung Fu Panda»), le long-métrage d’animation propose une lecture, de même qu’une relecture, du classique du «Petit Prince».

On suit alors l’histoire d’une petite fille élevée par sa mère. Son père absent a été aspiré par le tourbillon du travail. Prisonnière du rêve de réussite de sa mère, la petite écolière se voit imposer un horaire planifié aux 15 minutes pour le reste de son été, et de sa vie, dans l’espoir du succès scolaire et professionnel.

Mais voilà que le voisin de leur nouvelle demeure dérange un peu les plans. L’Aviateur rêveur vivant en marge d’une société aseptisée et monochrome détournera le regard de la jeune fille en raison de la réparation d’un vieil avion.

Il lui donnera ainsi les clés d’un monde ludique, celui de l’univers des enfants. Elle découvrira alors un autre monde qui est en fait le sien, mais vu d’un point de vue différent. Voir les choses différemment, avec le cœur et les émotions, n’est-ce pas là l’enseignement de Saint-Exupéry?

Deux histoires
L’adaptation du «Petit Prince» se divise en deux temps. La fable fidèle au roman présenté en «stop motion» et le récit principal dans lequel se métaphorise le conte de Saint-Exupéry.

Les 16 minutes de «stop motion» réalisées à partir de sculptures de papier, peintes à la main et animées à l’ancienne à raison de 24 images par seconde, sont magnifiques. L’utilisation de l’animation en volume apporte une grande poésie à l’œuvre et fait rejaillir l’essence et la douceur du cœur d’enfant qu’on tente de réanimer.

C’est donc sans surprise qu’on assiste au changement de perception de la petite fille de l’histoire principale, qui intègre les valeurs communiquées au fur et à mesure qu’elle lit les pages du conte que son vieil ami lui raconte.

Personnages
Mark Osborne redonne aussi vie aux nombreux personnages clés de l’histoire du «Petit Prince», dont le Renard, la Rose, l’Homme d’affaires, le Vaniteux et le Serpent.
Ces derniers, dont certains sont transposés dans le récit primaire, comme c’est le cas avec le «Petit Prince» lui-même, donnent ainsi vie aux multiples philosophies de Saint-Exupéry.

S’ensuit une épopée à la recherche du Petit Prince qui est l’occasion d’intégrer davantage les personnages dans une réalité plus proche de la nôtre. Ce qui donne les clés de compréhension aux enfants qui étaient d’ailleurs heureux à la sortie de la salle.

«On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux» est maintes fois répété et ultimement vient clore le film alors que la petite fille fera face à la maladie de l’Aviateur.

Dichotomique
L’esprit manichéen du film «Le Petit Prince» saute aux yeux dès les premières minutes. Il y a le monde des adultes et celui des enfants, le mal et le bien. Ici, il n’existe pas trop de place au gris. Tout est noir ou blanc.

Les personnages caricaturaux mis en scène dans la temporalité du «réel présent» sont peut-être un peu trop soulignés en gros caractères. Une petite facilité qui est rapidement pardonnée lorsqu’on se laisse emporter par l’histoire et la beauté du récit de Saint-Exupéry.

La relecture du conte était en soi un grand défi. S’attaquer à un tel classique a d’ailleurs requis dix ans pour tout mettre en place. En résulte un très beau film qui s’adresse à toute la famille grâce aux nombreuses couches du récit.

Un film poétique qui laisse dans son sillage de belles valeurs aux enfants et rappelle aux adultes que la vie est bien plus belle lorsqu’il y a un peu de magie. Maintenant, dessinez-moi un mouton!

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